Episode Transcript
[00:00:00] Speaker A: Le balado que tu t'apprêtes à écouter, tu peux pas l'entendre ailleurs. C'est une exclusivité.
[00:00:14] Speaker B: De retour sur les ondes de CFAQ 88.3. J'aimerais parler d'un monde spécial, le monde de l'Asie, plus spécifiquement le monde chinois. Car pendant des décennies, la Chine a été le moteur de la croissance économique mondiale, son expansion rapide a alimenté les exportations, a tiré les prix des matières premières à la hausse et soutenu les économies industrialisées comme les pays émergents. Mais en 2025, le rythme s'essouffle. La croissance chinoise stagne autour de 3,8%. Loin, vraiment loin des niveaux à deux chiffres d'autrefois.
en situation qui inquiète non seulement le Pékin, mais aussi, par exemple, le Washington, ici au Canada et toutes les économies interconnectées. Aujourd'hui, j'aimerais décrypter les causes de ce ralentissement, ses effets mondiaux et ses répercussions concrètes sur l'économie canadienne. Le ralentissement de la Chine n'est pas uniquement conjoncturel.
Je le vois à la fois, en fait, il est conjoncturel, mais en fait, il est plus structurel. Le modèle basé sur l'investissement massif en infrastructure, l'urbanissement qui est rapide, les exportations qui touchent ces limites. Mais trois grands transitions expliquent cette inflexion. Premièrement, il y a la démographie. Les pays officiellement ont commencé à perdre des habitants depuis 2023. La population veillit et la main d'oeuvre diminue. Et en 2024, on comptait moins de 10 millions de naissances, un record historiquement bas.
Il y a aussi le deuxième volet, qui est le volet financier. La Chine tente de désendetter son économie après avoir laissé les villes, les provinces, les promoteurs immobiliers, s'endetter lourdement pendant des années. Et cela, en fait, craint et freine la relance. Enfin, la transition politique. La montée des tensions géopolitiques, notamment avec l'estate, pousse la Chine à se tourner davantage vers un marché, ou bien vers son marché intérieur, en misant sur la consommation domestique et la souveraineté technologique. La situation immobilière aussi reste un fardeau, car la crise immobilière est toujours présente.
Des géants comme Everground ou Country Garden se sont effondrés sous le poids des dettes. Des millions de logements inachevés, des propriétés flouées, des provinces étranglées financièrement. L'immobilier représentait jusqu'à récemment près de 30%, 25, 30% du PIB chinois, si l'on inclut les effets indirects sur l'acier, ciment, services, Sa chute n'est donc pas simplement un incendie sectoriel du BTP, mais c'est un choc systémique. Malgré les efforts du gouvernement, la demande reste faible, le climat de confiance est brisé, en tant que ce secteur ne redémarre pas. La croissance chinoise ne retrouva pas ces niveaux d'antan. Et le monde s'enrume. Et cela se voit déjà dans les coûts des matières premières. Le cuivre, le fer, soja, pétrole, tout dépend en partie de la demande chinoise. Or, cette demande est en baisse. Le prix du cuivre baromètre de l'industrie mondiale a chuté de 12% entre mars et juin 2025.
Le prix du pétrole a connu des fluctuations, des volatilités importantes, notamment parce que la Chine consomme près de 15% de la production mondiale. Le commerce maritime, mesuré par Baltic Dry Index, a ralenti en volume en conséquence d'un ralentissement des importations chinoises. Dans les pays émergents comme l'Amérique latine, l'Afrique, l'Asie, la baisse des investissements chinois dans les projets d'infrastructure se fait sentir. Pékin réduit la voilure de sa stratégie des nouvelles routes de la soie. Le Canada. Alors, quel impact pour le Canada? Le Canada est particulièrement concerné.
La Chine est son deuxième partenaire commercial derrière les Etats-Unis. En 2024, le Canada a exporté environ 27 milliards de dollars de marchandises vers la Chine. Et principalement en quoi ? Il y a le bois, Colombie-Britannique, pétrole brut et gaz naturel liquéfié, des céréales comme le canola et des minéraux comme le fer et le cuivre.
Alors, la demande plus faible pour ces produits a un impact direct. Ralentissement de production, mise à pied temporaire dans certaines industries et pression sur le prix à l'export. En parallèle, les entreprises canadiennes qui comptaient sur la Chine comme marché d'avenir se tournent vers autre option, se tournent vers l'Inde, l'Asie, l'Asie du Sud-Est. voire une intensification des échanges avec les États-Unis, dans une logique de sécurisation des chaînes d'approvisionnement. Pékin, la Chine ne reste pas inactive.
Car quand même, il y a une nouvelle trajectoire chinoise. Le gouvernement va réorienter son économie vers la technologie, la transition écologique et la consommation intérieure. Des plans de relance ont été annoncés dans l'automobile électrique, les énergies vertes, les semi-conducteurs. Mais ces transformations prennent du temps et elles impliquent aussi une forme de repli stratégique avec moins d'ouverture aux investissements étrangers, plus de contrôle politique et un recentrage sur les champs nationaux. Cette mutation profonde pourrait marquer une rupture durable avec le modèle hyper croissance exportatrice qui a défini la Chine pendant 30 ans. Alors, le ralentissement chinois qu'on vit actuellement n'est pas une simple pause pour la Chine. C'est un changement d'équilibre global. Pour le Canada comme pour le reste du monde, il faudra apprendre à composer avec une Chine plus prudente, plus domestique, mais toujours influente. La vraie question désormais qui prendra le relais comme locomotive de la croissance mondiale, est-ce que c'est l'Afrique ? Est-ce que c'est l'Inde ? Où sommes-nous entrés dans une ère post-croissance ou dans une stabilité primeure à l'expansion ?
Alors c'était ça le sujet sur le ralentissement chinois qui pèse sur la croissance mondiale. On part vers une courte pause. On va entendre la fin du show de Kobe Frank.