Episode Transcript
[00:00:00] Le balado que tu t'apprêtes à écouter, tu peux pas l'entendre ailleurs. C'est une exclusivité. 88.3, c'est fuck. Ça part ici.
[00:00:16] Merci de rester avec nous sur les Andes de CFA 88.3 FM. Vous êtes toujours à l'écoute de l'économie au mouvement et aujourd'hui, pour ce dernier segment, on s'attaque à un sujet qui provoque autant de fascination que d'angoisse. C'est l'intelligence artificielle et ce qu'on appelle l'avenir de l'emploi. Depuis un an, l'IA a littéralement explosé dans le débat public. Chagipiti, Mid-Journey, Coppola, Gemini, Claude et j'en passe. Ces noms font maintenant partie de notre vocabulaire quotidien quand on se voit, ou bien quand ce soit développeur, enseignant, étudiant ou simple utilisateur de Google. Mais derrière cette révolution technologique, une question revient encore et encore. Est-ce que L'IA veut nous voler nos jobs. Au plus susceptible, est-ce qu'elle transforme les emplois au point de nous forcer à courir derrière sans jamais pouvoir suivre ?
[00:01:17] Commençons par un petit tour d'horizon des métiers les plus vulnérables parce que, oui, l'IA, ce n'est pas seulement dans les films de science-fiction. C'est dans les bureaux comptables, les services de traduction, les centres d'appel, les chaînes de montagne, whatever, dans certaines agences même de communication. Prenons l'exemple très concret, les comptables juniors. Aujourd'hui, grâce à des outils comme QuickBooks ou bien Xero, Intégré dans des modèles de l'IA, il est possible d'automatiser jusqu'à 80% des tâches comptables basées, qui sont simples comme saisir la facture, rapprochement bancaire, rapport mensuel, résultat même. Alors les cabinets recrutent moins de débutants, ils veulent des analystes capables de lire les données.
[00:02:06] Et deuxième exemple, c'est les traducteurs techniques. Avec DeepL, par exemple, ou Google Translate, les traductions sont de plus en plus précises. Bien sûr, il faut encore un humain pour vérifier, nuancer, corriger. Mais l'étape brute de traduction est souvent confiée à la machine. Et puis il y a les centres d'appel. Combien de fois avez-vous récemment parlé à une voix synthétique, mais plutôt fluide ? Je ne veux pas citer des noms, mais vous connaissez. Quand vous appelez par exemple un centre d'appel téléphonique, cellulaire, c'est une voix automatique qui vous répond. Les agents humains restent indispensables pour le cas complexe. Mais pour les demandes simples, c'est l'IA. Il est déjà là.
[00:02:49] Ce que tout veut dire, c'est que l'IA ne supprime pas l'emploi d'un coup. Elle grignote les tâches. Elle reconfigure les journées. Elle transforme l'emploi de l'intérieur. Ce n'est pas une révolution brutale, c'est une simple mutation constante.
[00:03:06] Mais attention quand même, l'IA, ce n'est pas seulement la fin des anciens métiers. C'est aussi la naissance de nouveau. Aujourd'hui, si vous tapez par exemple LinkedIn, prompt engineer, vous trouverez des offres d'emploi avec des salaires qui dépassent les 100 000 dollars. Un prompt engineer, c'est quelqu'un qui sait parler à l'IA, qui sait lui poser les bonnes questions pour qu'elle réponde bien. Oui, on est payé pour poser des bonnes questions, vous imaginez. Il y a aussi les spécialistes en éthique de l'IA, les concepteurs de jumeaux numériques, les nettoyeurs de données d'entraînement, les animateurs d'avatar ou dans le métavers. Même les narrateurs de Chatbot, autant de métiers qui mélangent la technicité, la créativité, la psychologie, le design, la communication. Donc non, l'IA ne fait pas que supprimer les emplois. Elle est ancrée, mais ses emplois sont souvent plus techniques et plus pointeux, plus ciblés, et demandent une requalification importante.
[00:04:08] Et c'est là que les choses se compliquent. Parce qu'adapter une société entièrement à une révolution technologique, ce n'est pas automatique. Un jeune diplômé peut facilement se former à l'IA. Mais connaît-il d'un travailleur de 50 ans qui voit son métier disparaître ou d'un préposé d'un entrepôt automatisé qui doit soudain apprendre à travailler avec des machines qui ne comprennent pas? La clé ici, c'est la formation continue. Mais soyons honnêtes, au Québec comme ailleurs, on accuse de retard.
[00:04:50] Mais c'est pas si pire quand même. Un rapport de l'OCDE, paru en mars 2025, indique que seulement 28% des adultes québécois ont participé à une activité de requalification au cours des deux dernières années. Et souvent ces formations-là sont soit trop générales, soit trop techniques, soit mal adaptées au quotidien des gens, soit trop philosophiques même. Et puis il y a la question des inégalités sociales. Ce ne sont pas tous les travailleurs qui ont le temps, les moyens ou bien même la confiance pour retourner ou bien se se retourner ou bien de se bien former. Le gouvernement a donc un rôle fondamental et pourtant les politiques actuelles restent timides. Un crédit d'impôt ici, une plateforme de formation là, mais où est le plan de masse ? Où est le Québec de l'IA inclusif ?
[00:05:44] Au Québec, certains secteurs sont particulièrement exposés. C'est pour cela que je veux parler un peu du cas des secteurs les plus touchés. Dans la manufacture, la robotisation progresse très vite. Usinage, emballage, contrôle qualité, autant de tâches qui, autrefois manuelles, sont aujourd'hui gérées par des bras. robotisés, supervisés par un seul technicien. Dans le secteur administratif, par exemple, on observe une automatisation des tâches répétitives, comme courrier, prise de rendez-vous, traitement des plantes.
[00:06:27] conversionnelle et en train de replacer le service à la clientèle de première ligne. Et même dans ce secteur qu'on croyait intouchable, comme la création artistique, on voit apparaître des générateurs d'images, de musique, de scénarios, des artistes qui s'en servent comme outils, d'autres y voient une menace pour leur intégrité créative.
[00:06:51] Alors, revenons à la question de départ. Faut-il avoir peur ou faut-il s'adapter? Je dirais que la peur, elle est légitime, mais elle ne doit pas devenir un frein. Il y a une pousse à repenser ce que c'est travailler. Elle nous libère de certaines tâches, mais elle nous confronte à un vide. Que voulons-nous faire quand la machine peut faire mieux? Peut-être que demain, le travail sera moins lié à la productivité et plus à l'humain, à la relation, à l'empathie, aux soins, l'éducation, la création, la médiation même. Mais ça, ça suppose une vraie volonté collective, une réflexion très profonde sur la valeur du travail, la place de chacun et sur ce qu'on veut construire ensemble avec cette nouvelle intelligence.
[00:07:44] Merci infiniment de m'avoir accompagné dans cette longue réflexion. Car l'IA transforme nos outils, nos métiers, notre économie, mais elle ne remplace pas le cœur de nos sociétés, c'est l'humain. Aujourd'hui, on a parlé d'inflation alimentaire, de géants numériques, du GAFAM, transition écologique, révolution technologique, quatre grands sujets en apparence très différents.
[00:08:11] Qui ont tous un point en commun, c'est qu'ils touchent à notre quotidien, à notre portefeuille, à nos emplois et à nos choix de société.
[00:08:20] Il pose des questions sur l'équité, sur le pouvoir, sur l'avenir. On se retrouve très bientôt pour continuer à penser ensemble, à décortiquer, à mettre en mouvement ce grand corps économique dans lequel on vit toujours le jour. Ici Othman Lamziri, bonsoir à vous et à la semaine prochaine sur CFA 88.3 aux endroits M, même heure et même endroit.