Episode Transcript
[00:00:00] Speaker A: Le balado que tu t'apprêtes à écouter, tu peux pas l'entendre ailleurs. C'est une exclusivité.
[00:00:05] Speaker B: L'économie n'attend pas. Elle bouge, elle évolue, elle vous surprend. Rejoignez votre hôte Haughtman à la misérie, alors qu'il explore et expose toutes les facettes du monde des finances. Bienvenue dans l'économie en mouvement.
[00:00:27] Speaker A: Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans l'Economie en Mouvement, votre rendez-vous hebdomadaire sur la CFA 88.3 FM.
Je m'appelle Otmar Lamzeri et chaque semaine, on prend le temps, oui, le temps de parler d'économie autrement. Parce que l'économie, ce n'est pas que des courbes, des taux ou des milliards de dollars. C'est aussi des choix politiques, des réalités humaines, des visions de société. Et c'est surtout une affaire de mouvement, celui des idées, des crises, des transitions, mais aussi de nos questionnements. Aujourd'hui, Je vous propose un voyage en quatre temps, quatre sujets brûlants pour réfléchir ensemble au monde qui nous entoure. Et voilà, je vous propose de faire un pas de côté, de poser une question un peu provoquante. Et si la croissance économique n'était plus un objectif souhaitable ?
Depuis la guerre, l'après-guerre, la croissance du produit intérieur brut, ce qu'on va faire comme abréviation le PIB, est devenue la boussole de nos économies. Si le PIB monte, on respire. Si il stagne, on baisse. On parle de crise, de chômage, de faillite. On entend souvent, il faut relancer la croissance. Mais si c'était une évidence, Mais d'abord, qu'est-ce que le produit intérieur brut au juste ? C'est l'ensemble des biens et services produits dans un pays pendant un an. Il mesure l'activité économique, mais pas la qualité de vie. Il ne dit rien du bien-être, de la répartition des richesses, ni de l'impact environnemental. Prenons deux exemples. Je prends l'exemple de la France. En France, entre 1990 jusqu'en 2019, le PIB par habitant a augmenté. Mais le sentiment de mal-être lui aussi. Les inégalités se sont creusées et les services publics ont été fragilisés. Allstate, la croissance du PIB est impressionnante, mais l'espérance de vie recule. Depuis quelques années, Pourquoi ? Pourquoi tant de croissance, mais il existe toujours une pauvreté, de l'inégalité, de la violence ? Donc la croissance économique, c'est totalement différent du développement, du progrès. Ce n'est pas toujours. Car on arrive ici à un point critique, que la planète, elle ne garantit rien. Et aussi, ça ne grandit pas. Car chaque année, l'humanité consomme environ 1,7 planète de terre. C'est ce qu'on appelle le jour du dépassement.
En 2024, il est tombé au début du mois d'août, ça veut dire qu'à partir de cette date, on vit un crédit écologique. Or, la croissance économique repose encore largement sur les énergies fossiles, la consommation de masse et l'extraction de ressources. On peut bien parler de croissance verte, green economy. Mais pour l'instant, les preuves sont faibles. Une étude de 2021 publiée dans l'une des plus grandes revues scientifiques ont montré quand même qu'il y a un découplage durable de croissance, émissions, CO2 qui reste quand même rare.
Il y a des petits gains d'efficacité, mais pas de transformation systémique. Et oui, il y a quand même des chiffres, car dans la même date que la France entre 1990 et 2019-2020, les émissions mondiales de CO2 ont augmenté de 60%. Malgré les sommets climatiques, la biodiversité s'effondre. Selon World Wide Fund for Nature, 68% des populations d'animaux sauvages ont disparu en moins de 50 ans. Et tout ça pendant quoi ? Pendant que le PIB mondial progressait. Alors, que faire comme alternative ? Abandonner la croissance économique ? Comment ça ? Du jour au lendemain ? Mais c'est impossible, c'est quasiment non, c'est irréel. Mais réfléchir à d'autres façons de penser l'économie. Je pense qu'on entend parler de décroissance.
Un mot qui fait peur mais qui désigne surtout une réduction choisie de la production superflueux pour préserver l'essentiel. Moins de pub, moins d'obsolescence, programmer plus de sobriété. On appelle aussi, ou bien il existe aussi la post-croissance. On ne cherche plus à accroître à tout prix, mais à améliorer le bien-être dans un monde stable. Ou bien l'économie du bien-être. On remplace le produit intérieur brut par des indicateurs plus complets, comme le BNB, qui est le bonheur national brut, ou le tableau de bord de New Zealand, basé sur la santé mentale, l'environnement, l'éducation. Il y a quand même des penseurs comme Tim Jackson qui proposent une prospérité sans croissance ou bien comme le penseur Keith avec son célèbre modèle de Donut, un espace sûr pour l'humanité entre un plancher social respecté comme l'éducation, logement, santé, etc. et un plafond écologique à ne pas dépasser comme le climat, la biodiversité, aussi ce qu'on appelle les airs protégés. Et ça fonctionne, car l'expérience est en cours. Certains pays scandinaves, par exemple, montrent qu'on peut avoir un haut niveau de vie. une économie stable et des émissions relativement basses. Mais ce n'est pas encore généralisé. Le vrai problème, c'est que notre système économique et politique est capable et bien câblé en fait pour la croissance. Les gouvernements sont jugés sur le résultat économique parce qu'il y a à la fin comme une balance, il faut à la fin faire d'audit.
Les entreprises sont évaluées à la bourse et nous-mêmes, parfois, en mesure notre valeur à notre salaire ou notre capacité de consommation.
Changer ça, c'est un vrai défi culturel. Il faut sortir du toujours plus pour aller vers le mieux. Mais il faut aussi oser parler de suffisance, de partager de temps libéré. Et ça, ce n'est pas facile quand la société valorise la productivité, la vitesse et la performance. Alors, la croissance est-elle encore un objectif souhaitable ? Peut-être l'a-t-elle été ? Mais aujourd'hui, dans un monde en crise écologique et sociale, je pense quand même qu'il est temps de poser la question autrement. Quel est l'objectif de l'économie ? Est-ce produire plus ou vivre mieux ? Car moi personnellement, je ne sais pas. Je crois que mon objectif est de vivre en paix. Et si on osait rêver une économie qui respecte les limites de la planète tout en garantissant des droits humains fondamentaux ?
C'est ça. Alors, le défi du 21e siècle. Alors, merci de m'avoir écouté. On se retrouve après la pause pour un sujet sur l'estate, le Canada, la guerre hybride, sur l'économie, sur les ordres de la radio CFAQ 88.3 FM.
