Episode Transcript
[00:00:00] Le balado que tu t'apprêtes à écouter, tu peux pas l'entendre ailleurs. C'est une exclusivité. 88.3 CFAQ. Ça part ici.
[00:00:11] De retour sur le zone de CFAQ. Voilà, c'était deux musiques successives, « Blowing in the Wind » de Bob Dylan et « Comme un franc grand », la fin du show. C'était l'une des... Les deux représentent pour moi en fait deux morceaux très sensibles.
[00:00:37] Surtout celui de Cobra et Franklin à la fin du show. Passons au vif du sujet. On entend toujours la taxe carbone et puis...
[00:00:49] Elle est défendue comme un outil critiqué, un outil écologique et aussi comme une taxe injuste. Certains disent qu'elle est nécessaire, comme les autres taxes qu'on sait, qu'on connaît, et d'autres qu'elle pèse trop sur le ménage. Voilà, elle est très lourde pour nous. Mais enfin, on sait rarement répondre à cette question toute simple. Comment fonctionne la taxe carbone? Qui paie quoi? Et selon quels calculs? Mais c'est sous quelle base? Alors aujourd'hui, On va démystifier tout ça ensemble. La taxe carbone, c'est un outil économique, oui, et comme tout outil, il faut comprendre ses règles, il faut comprendre ses limites, et aussi ses effets, bien évidemment. Alors, la taxe carbone repose sur un principe. Un principe simple, mais puissant. Si tu pollues, tu payes. Ça veut dire un pollueur est égal à un payeur. Tu pollues, tu payes.
[00:01:56] L'objectif est d'intégrer dans le prix d'un produit le coût environnemental de ses émissions de gaz à effet de serre. Je me rappelle, cela a été expliqué pour moi pour la première fois par ma directrice de recherche, que je la salue, d'ici professeur Tsehi, dans son cours l'économie environnementale.
[00:02:19] Si tu pollues, tu paies. Le pollueur payeur. L'objectif est d'intégrer dans le prix d'un produit le coût environnemental de ses émissions de gaz à effet de serre. Concrètement, on met un prix sur le tonne de CO2 émise. Plus tu pollues, plus tu payes. C'est ce qu'on appelle en économie un signal prix. Ça veut dire qu'on utilise le marché pour modifier les comportements sans passer par une interdiction. Comment est-elle calculée ?
[00:02:47] J'aimerais faire un exemple, ou bien poser un exemple concret. En 2025, au Canada, le prix de la tonne de CO2 est de 80 $. Et il augmentera chaque année jusqu'à à peu près 170 $ par tonne en 2030. C'est le plan fédéral, bien évidemment. Prenons un exemple. Un litre d'essence émet environ à peu près 2,3 kg de CO2. Donc, à 80 $, la tonne, ça donne une taxe carbone de 0,184 $ par litre, soit environ 18 cents. Celui-là, je l'ai calculé dans la préparation de cette chronique. Donc c'est pour cela que j'ai seulement les chiffres devant moi et j'essaie de s'improviser. Et cela est idem pour le gaz naturel et idem aussi pour le diesel, le propane. Plus l'énergie est polluante, plus la taxe appliquée est élevée. Mais attention, La taxe est prélevée en amont sur les producteurs et les distributeurs de carburant. Ensuite, elle est répercutée sur le prix à la pompe, les factures de chauffage ou les produits transportés. Et qui paye ces taxes ? Est-ce que ces taxes sont payées directement ou indirectement ?
[00:04:10] Techniquement, ce sont les entreprises d'énergie qui payent la taxe, mais dans la réalité, ce sont les consommateurs qui en subissent l'effet.
[00:04:21] Les consommateurs sont qui ? Ce sont par exemple les automobilistes, les chauffeurs. Il y a aussi quand vous utilisez le chauffage à gaz, vous payez. Il y a aussi les industries qui dépendent du transport ou de l'énergie fossile. Cela dit, le gouvernement a mis en place un système de compensation. Une partie de l'argent récolté est redistribué aux citoyens sous forme de crédit climatique trimestriel. Par exemple, en 2024, un ménage de 4 personnes en estrie, ici, reçoit environ 966 $ par an. L'idée derrière, c'est de rendre la taxe neutre pour le revenu, tout en incitant à réduire la consommation. Pourquoi elle fait débat ? La taxe carbone est un outil efficace sur le papier, mais elle fait l'objet de fortes critiques.
[00:05:15] Je vois qu'il y a trois types de critiques ici. Il y a l'injustice sociale, il y a l'impact économique et puis l'utilisation politique. Je commence par l'injustice sociale.
[00:05:33] Les ménages à faible revenu ou en région payent proportionnellement plus car ils ont peu d'alternatives, pas de transport en commun, chauffage aux mazotes et ainsi de suite. L'impact économique, certains secteurs comme par exemple l'agriculture, le transport routier ou l'industrie lourde dénoncent un fardeau trop lourd et une perte de compétitivité.
[00:05:59] Le troisième facteur critique, c'est l'utilisation politique. Ça veut dire plusieurs provinces, par exemple l'Alberta ou bien la Saskatchewan, ont contesté la légitimité de la taxe. entraînant vraiment une crise fédérale slash provinciale, car en 2024, le gouvernement fédéral même a suspendu temporairement la taxe sur le mazout dans les régions rurales, ce qui a suscité des accusations, incohérences politiques, etc. Maintenant, voyons le marché. Le marché, il dit quoi ?
[00:06:40] Selon l'environnement et changement climatique du Canada, les émissions par habitant ont légèrement baissé depuis l'introduction de la taxe. Mais les résultats restent mitigés. Pourquoi ? Parce que la taxe ne suffit pas ?
[00:06:55] elle doit être accompagnée d'investissements massifs dans, par exemple, le transport collectif, l'efficacité énergétique, les énergies renouvelables, l'accompagnement des pollutions. Il y a aussi la sensibilisation de la pollution. Il y a aussi les populations vulnérables, etc. Sinon, on crée de la frustration. Ça veut dire sans changer les comportements.
[00:07:23] Au fond, la vraie question n'est pas, faut-il une taxe carbone ? mais plutôt comment l'intégrer dans une stratégie cohérente, avec justice sociale, transparence et vision à long terme. Plusieurs économistes canadiens, comme Nicola River ou Mark Zucker, défendent la taxe carbone à condition qu'elle soit bien conçue, équitable, redistribuée. Et à l'international, la taxe carbone est de plus en plus considérée comme un standard minimum. L'Union européenne, par exemple, a déjà lancé son mécanisme d'ajustement carbone aux frontières qui imposera la taxe sur les produits apportés en fonction de leur empreinte carbone. Donc voilà, aujourd'hui, on a parcouru tout un éventail d'outils et de tensions. On a vu que la politique économique classique qui oriente l'activité, le budget canadien, reflète de nos priorités collectives. Les rapports de force économique avec les États-Unis et enfin la taxe carbone, à la fois symbole et levier de la transition. Ce qu'on retient, c'est que l'économie est une affaire de choix collectif et que chaque outil, chaque dollar, chaque tonne de CO2 taxée ou non, Ils racontent vraiment une histoire. Alors, à vous, à nous, à eux, qui sont eux, je ne sais pas, mais à eux, de rester curieux, critiques, vigilants. Car dans un monde incertain, comprendre l'économie, c'est déjà apprendre un peu de pouvoir. C'est déjà fini cet épisode de l'économie au mouvant.
[00:09:05] Voilà, comme j'avais dit, on a parlé d'outils, de chiffres, de tensions, mais surtout le choix collectif. Le Canada est à la croisée des chemins entre indépendance économique et pression américaine, entre rigueur budgétaire et besoins sociaux, entre croissance verte et justice sociale.
[00:09:29] Ce qu'il nous faut, ce ne sont pas de bons outils, mais une boussole claire, une vision qui rassemble, qui protège et qui prépare. Et c'est ça, ça commence par une population informée, engagée et lucide. Merci à vous, vraiment, d'avoir été là encore.
[00:09:53] Encore une fois et on se retrouve la semaine prochaine, même heure, même endroit, même fréquence sur la CFA 88.3. Ici Othmane Lamzidi, bonne soirée à vous et à très bientôt dans l'économie au mouvement.
[00:10:25] et.
