Episode Transcript
[00:00:00] Speaker A: Le balado que tu t'apprêtes à écouter, tu peux pas l'entendre ailleurs. C'est une exclusivité. L'économie.
[00:00:11] Speaker B: N'Attend pas. Elle bouge, elle évolue, elle vous surprend. Rejoignez votre hôte, Othmane Lamzéry, alors qu'il explore et expose toutes les facettes du monde des finances. Bienvenue dans l'économie en mouvement.
[00:00:25] Speaker A: Bonjour, bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans l'Economie en Mouvement, votre rendez-vous hebdomadaire sur la CFA 83. Chaque semaine, on prend le temps de comprendre, de vulgariser quelques rouages de l'économie. Sans jargon, sans raccourci, mais avec, bien évidemment, une rigueur.
curiosité et un peu de recul. Aujourd'hui je vous propose une émission un peu spéciale car on va commencer... car on va pas faire en fait de l'actualité économique. Non. Aujourd'hui j'aimerais qu'on fait quand même un peu de retour aux fondations parce que pour vraiment comprendre l'économie telle qu'on la vit aujourd'hui, avec ses débats sur l'inflation, ses discours sur la croissance, ses chiffres sur le chômage, ou ses promesses de développement durable. Il faut d'abord comprendre comment tout ça s'est construit. On va donc explorer quatre grands sujets qui ensemble forment une sorte de boussole économique. D'abord, J'aimerais voir ou bien j'aimerais qu'on discute sur l'histoire de la pensée économique, sous l'abréviation HPE, pour voir d'où viennent les idées qui gouvernent encore nos choix aujourd'hui.
Ensuite, on s'arrêtera sur le chômage, comment on le mesure, c'est quoi, et voilà. Et puis, le troisième bloc concerne les taux d'intérêt. Alors, ces chiffres qui montent ou qui descendent et qui influencent à peu près toute notre vie économique. Et enfin, on terminera avec les objectifs de développement durable. Un grand plan mondial pour repenser notre avenir collectif et peut-être nous inspirer ici aussi localement. Quatre sujets, quatre chroniques et voilà, une seule attention. Remettre un peu de clarté dans une économie qu'on croit souvent compliquée mais qui est avant tout une affaire de choix, de valeur et de vision de monde. C'est parti, on commence ensemble notre émission.
On se pose la question, qu'est-ce que la pensée économique ? D'où vient-elle ? Quels sont ses grands courants ? Et si on fait comme un cadre empirique ou bien un cadre pratique ici au Canada ou bien au Québec, quel héritage ont influencé nos politiques économiques ?
Quand on pense à l'économie, on pense aux banques, on pense au budget, au marché. Mais avant tout, il y a des idées sur l'échange, la valeur ou bien la richesse. Déjà dans l'Antiquité, Aristot posait des questions sur l'origine du prix, sur l'ajustement des échanges, sur la place du commerce dans la cité. Plus tard, au Moyen-Âge, les penseurs musulmans slash arabes, comme par exemple Ibn Khaldun, réfléchissaient à l'impôt, à la croissance, à la décadence des civilisations. Mais l'économie, en tant que discipline scientifique, apparaît bien plus tard car vers les 18e siècle et c'est là qu'on parle de la pensée économique. Tout commence vraiment avec Adam Smith dans les années 1966 avec son livre nommé en français la richesse des nations ou bien wealth of nation. Il développait une idée révolutionnaire pour l'époque, c'est la main invisible.
Selon lui, si chacun poursuit son propre intérêt dans un marché libre, cela mène à un équilibre qui bénéficie à tout. C'est le début du libéralisme classique, porté ensuite par David Ricardo, Jean-Baptiste Cissé ou encore comme John Stuart Mill. Ces penseurs valorisent trois choses, trois idées. Premièrement, la liberté individuelle. Ensuite, il y a la concurrence et l'équilibre, l'équilibre naturel du marché.
Tout le monde n'est pas d'accord avec cette vision optimiste. Et là vient le 19e siècle avec Karl Marx qui critique profondément ce modèle. Il voit que dans le capitalisme, une exploitation du travail, une alienation des ouvriers et une tendance à la crise. Et voilà, nous sommes rendus à Friedrich Engel, Il développe une pensée économique radicale basée sur la lutte des classes. Par exemple des classes moyennes, des classes des pauvres, les riches et ainsi de suite.
Puis, au XXe siècle, c'est l'économiste qui a dit, entre guillemets, « The outstanding faults of the economic society in which we live are its failure to provide for full employment and its arbitrary and equitable distribution of wealth and income.
En d'autres termes, en français, dans certaines situations, le marché ne se régule pas. Il faut que l'État intervienne. Qui a dit ça? Bien évidemment, c'est John Maynard Keynes dans The General Theory 1936. Il propose donc un nouveau modèle où la dépense publique, la relance budgétaire et l'investissement dans les infrastructures permettent de soutenir l'économie en temps de crise, quand elle a besoin. C'est ce qu'on appelle en fait le courant ou bien l'approche keynesianisme, qui va dominer les politiques économiques des pays occidentaux de l'après-guerre jusqu'à dans les années 1970. Mais là encore arrive une nouvelle crise.
c'est le choc pétrolier et puis on a l'inflation gloppante et avec elle un retour à une pensée plus libérale. C'est le temps en fait de Milton Friedman et de l'école de Chicago qui reprochent aux keynisiens leur excès de dépenses et leur négligence de la monnaie. Friedman affirme que l'inflation est toujours un phénomène monétaire. Pour lui, il faut contrôler la masse monétaire, réduire les interventions de l'État et laisser faire les marchés.
C'est le début du néolibéralisme adopté dans les années 1980 par Ronald Reagan aux États-Unis. Et puis voilà, un peu partout, y compris le Canada, le Royaume-Uni. Mais en parallèle, de nouveaux courants émergent. Il y a, par exemple, l'économie comportementale avec Daniel. Il y a Richard Thaler. qui montre que les individus ne sont pas toujours rationnels. Il y a ensuite l'économie écologique qui remet en question la croissance infinie dans un monde de ressources limitées.
Et là, un courant un peu qui rend en débat, c'est l'économie féministe qui interroge la division du travail, le rôle du corps et les angles morts de modèles classiques. Et aujourd'hui, des approches post-croissance, post-capitaliste qui cherchent à inventer de nouveaux horizons. Et ici, par exemple, ici au Canada, il y a quoi ? Alors au Canada, la pensée économique dominante à longtemps était le keynésianisme, ou bien le courant keynésien. L'État joue un rôle important. on investit dans les infrastructures, dans les services publics, dans les redistributions, mais avec le tournant néolibéral des années 1990, on voit un changement, comme réduction du rôle de l'État, le libre-échange avec l'ALENA, rigueur budgétaire.
Alors, aujourd'hui, on peut dire que le Canada suit une forme de néo-keynesianisme modéré, neo-Keynesian economy. L'État intervient en temps de crise, comme pendant la pandémie, mais dans un cadre très encadré avec le marché, bien très encadré par le marché. Et au Québec, il y a une spécificité forte. C'est la Révolution tranquille des années 60 qui a été vraiment un moment clé. On a vu l'essor de l'État-providence québécoise, la nationalisation d'Hydro-Québec, la création de sociétés d'État. Il y a aussi un intérêt croissant pour l'économie sociale.
avec les coopératives, les mutuelles, les entreprises, les collectifs. C'est quand même un modèle hybride, à mi-chemin entre l'économie de marché et l'économie solidaire. Et puis, plus récemment, de voix émergent autour de la justice climatique, de l'économie locale, de la souveraineté alimentaire. Alors, que retenir de ce voyage ? que l'économie n'est pas une vérité gravée dans le marbre. C'est une pensée en mouvement, un miroir de notre époque. À chaque courant, du libéralisme à l'écologie, du marxisme à l'économie féministe, nous apportent un regard différent sur la même réalité. C'est comment organiser nos ressources pour mieux vivre ensemble.
Alors la prochaine fois que vous entendez quelqu'un dire, l'économie c'est comme ça. Il faut demander selon quel courant, avec quelle vision du monde. C'est bien d'avoir des idées économiques ou bien de suivre des économistes, mais en fait, selon quel courant il faut les suivre? Et ici, dans cette émission, on continuera à explorer ces visions. La semaine prochaine, peut-être qu'on s'arrêtera sur l'économie comportementale ou bien sur l'économie autochtone ou encore sur la décroissance. Pourquoi pas? Parce que comprendre la pensée économique, c'est aussi apprendre à penser autrement. Voilà, c'était notre premier bloc qui était sur l'histoire de la pensée économique ou bien l'HPE, d'où viennent nos idées sur l'économie. On passe à une courte pause et après de la musique.