Episode Transcript
[00:00:00] Le balado que tu t'apprêtes à écouter, tu peux pas l'entendre ailleurs. C'est une exclusivité. 88.3 CFAQ Ça part ici.
[00:00:10] De retour sur les ordres de CFAQ 88.3. On s'attaque à un indicateur aussi central que mal compris. Le chômage.
[00:00:23] On en parle tout le temps. On dit qu'il baisse, qu'il monte, qu'il explose et qu'il est maîtrisé. Mais derrière ces mots, il y a une réalité vraiment statistique, une réalité sociale et parfois un écart entre les deux. Alors aujourd'hui, on prend le temps de comprendre comment mesure-t-on vraiment le chômage ? Est-ce que ces chiffres sont fiables ? Et surtout, est-ce qu'ils reflètent ce que vivent les gens ?
[00:00:55] Commençons par la base. Depuis plusieurs décennies, la plupart des pays, dont vraiment le Canada, les États-Unis, même les pays en développement, comme par exemple le Maroc, l'Algérie, la Tunisie, l'Iran, et ainsi de suite, commencent, en fait, utilisent une définition harmonisée, celle du Bureau international du travail, sous l'abbreviation BIT, ou bien le BIT. Le BID, oui, le Bureau international du travail, selon cette définition, est considéré comme un chômeur toute personne qui, premièrement, n'a pas travaillé durant la semaine de référence, est disponible pour travailler, troisièmement, et activement en recherche d'emploi au cours des quatre dernières semaines. Cela permet En fait, cela diffère de chaque institut, comment ils le calculent. Cela permet une comparabilité internationale, ce qui est important dans un monde globalisé. Mais cette définition exclut beaucoup de situations. Prenons quelques exemples concrets. Une personne qui ne cherche plus activement parce qu'il est découragé. Il n'est pas compté. Une personne qui suit une formation obligatoire.
[00:02:16] En fait, il n'est pas compté aussi. Une personne qui travaille deux heures par semaine dans une job précaire, il est considéré en emploi, donc il n'est pas un chômeur. Une personne à la retraite forcée à 60 ans, mais qui voudrait retravailler, il est considéré comme hors des radars. Alors, oui, c'est une définition standardisée, mais elle a quand même ses limites.
[00:02:45] Et pour aller plus loin, il faut distinguer plusieurs types de chômage. Il y a le premier qui est le plus courant, connu, qu'on appelle le chômage conjecturel. C'est lié au cycle économique. Quand l'économie va mal, le chômage monte. Il y a aussi celui structurel, lié aux transformations du marché du travail, comme par exemple l'automatisation, délocalisation, inadéquation des compétences. Il y a aussi le frictif, ça veut dire le temps qu'un travailleur mette la main sur un nouvel emploi, et bien évidemment le chômage saisonnier. Dans certains secteurs comme l'agriculture, la construction, le tourisme, ainsi de suite. Et chaque type a des causes différentes, donc des politiques publiques qui s'imposent, qui sont bien évidemment différentes.
[00:03:37] Le taux de chômage n'est qu'un indicateur parmi d'autres, et il peut être vraiment très trempeur. Prenons un exemple. Imaginons que 100 000 personnes quittent le marché du travail. Le chômage peut baisser artificiellement, car la population active diminue. C'est pourquoi on regarde aussi.
[00:04:00] Le taux d'activité, c'est la proportion de la population en âge de travailler qui travaille ou cherche un emploi. Il y a aussi le taux d'emploi autant tel par des personnes en emploi parmi l'ensemble de la population en âge de travailler. Il y a le sous-emploi, personnes qui travaillent à temps partiel, par exemple, mais souhaitent un temps plein. Et au Québec, l'indice de difficulté à l'emploi, ce qu'on appelle l'IDE, qui montre à quel point il est difficile pour les chercheurs d'emploi d'obtenir un poste.
[00:04:37] Les statistiques sont produites par des institutions sérieuses, comme Statistique Canada. Tous les mois, une enquête sur la population active est menée auprès de 56 000 ménages, à peu près. C'est un échantillon vraiment représentatif, stratifié par régions, par âge, par sexe. Mais, comme toute enquête, il y a des marges d'erreur.
[00:05:00] Les réponses sont auto-déclarées. Certaines personnes peuvent mal interpréter la question. Il y a une zone grise entre le chômage, le sous-emploi et l'inactivité. Et surtout, les chiffres peuvent être récupérés politiquement.
[00:05:29] Je peux dire qu'un gouvernement peut se féliciter d'un chômage bas, tout en laissant de côté les travailleurs pauvres ou précaires. Je ne veux pas nommer quelques pays, mais je peux dire que c'est malheureusement la majorité des pays en développement. qui vraiment, ils félicitent, ah voilà, nous avons une réduction du chômage, ou bien seulement le chômage a été augmenté de 1%, de 0,5%, mais derrière, il y a la face cachée, le iceberg. Il y a des gens qui sont mal employés.
[00:06:09] Et voilà, on passe. En fait, en juin 2025, selon Statistique Canada, le taux de chômage national était de 6,4%. On se légère depuis le début de l'année. Mais ce chiffre cache des réalités régionales très différentes. Par exemple, British Columbia, la Colombie-Britannique, c'est 5,3%. L'Ontario, 6,7%. Le Québec, ici, on a 5,5%, mais avec un taux d'activité plus bas que la moyenne nationale. La Provence d'Atlantique, par exemple, souvent en dessous de 8%. Et chez les jeunes, entre 15 à 24 ans, le taux dépasse 12%, soit presque le double du taux général.
[00:06:57] Sans parler des écarts selon par exemple l'origine ethnique, le genre ou le niveau de scolarité, par exemple le taux de chômage est systématiquement plus élevé chez la population émigrante récente, notamment chez les femmes. Et au Québec, le taux de chômage est historiquement plus bas depuis la pandémie, en raison du vieillissement de la population et de la pénurie de main d'œuvre. Mais là encore, Cela ne veut pas dire que tout va bien. Il y a des régions entières, comme par exemple l'Abitibi, le Bas Saint-Laurent, où des emplois sont vraiment rares, mal rémunérés, ou même saisonniers. Et des jeunes diplômés comme ceux qui nous écoutent, qui enchaînent les stages non payés, les contrats courts, ne sont jamais entrés pleinement dans le marché du travail. Alors oui, Le chômage est un indicateur utile, nécessaire, mais ce n'est qu'un thermomètre par un diagnostic. C'est comme dire que quelqu'un va bien parce qu'il n'a pas de vièvre, alors qu'il est peut-être dans une grande souffrance à l'intérieur.
[00:08:11] Dans une société qui valorise le marché du travail comme principal marqueur d'identité, être exclu du marché du travail ou mal intégré, ce n'est pas juste un chiffre, c'est vraiment une blessure. Et derrière ces pourcentages qu'on balance aux infos, il y a des parcours de vie, des sacrifices, des rêves mis de côté.
[00:08:36] et j'espère moi aussi avoir un très bon emploi après. Ce que je veux dire, c'est que vraiment, la statistique doit rester un outil d'analyse, pas une arme politique ou un masque social. Alors, la prochaine fois que vous entendez le chômage en baisse, il faut poser vraiment la question, pour qui, dans quelles conditions et à quel prix?
[00:09:02] C'était ça le deuxième bloc qui concerne le chômage et comment on le calcule et peut-on s'y fier ? Voilà, on enchaîne directement avec le troisième bloc après justement la pause sur les ondes SFA 88.3.
