L'économie en mouvement – La monnaie : son histoire et sa construction – émission spéciale du Radiothon, 6 Novembre 2025

La monnaie. On la manipule chaque jour, on la gagne, on la dépense, on la transfère d’un compte à un autre… mais sait-on vraiment ce qu’elle représente ? Dans cette deuxième chronique spéciale du Radiothon de L’Économie en Mouvement, Othmane Lamzihri nous invite à redécouvrir l’histoire fascinante de la monnaie — de ses origines lointaines à ses formes les plus numériques — pour comprendre comment un simple objet est devenu le socle de toute l’économie moderne.

Tout commence bien avant les banques et les marchés : à l’époque du troc. Les sociétés anciennes échangeaient des biens selon leurs besoins : du blé contre du poisson, du bétail contre des outils. Mais ce système avait une limite : il fallait que les désirs coïncident. De là est née l’idée d’un intermédiaire universel, un objet accepté par tous pour faciliter les échanges. Au fil des siècles, cet objet a pris mille visages : coquillages, pierres précieuses, sel, métaux rares…

Puis vient une révolution : les pièces métalliques frappées par l’État. Dès le VIIᵉ siècle avant notre ère, la monnaie devient un instrument de souveraineté. Chaque pièce porte l’empreinte d’un roi, d’un empire, d’une autorité politique qui garantit sa valeur. Autrement dit, la monnaie repose sur la confiance. Elle vaut ce que l’on croit qu’elle vaut, parce qu’une puissance publique s’y engage.

Cette logique se perpétue avec l’apparition des billets de banque. À l’origine, ces papiers n’étaient que de simples reçus d’or : une promesse de remboursement. Peu à peu, cette promesse s’est suffi à elle-même. Le billet est devenu la richesse, et la confiance, la matière première de l’économie. Aujourd’hui encore, quand nous tenons un billet de 20 dollars, ce n’est qu’un morceau de papier… mais soutenu par la foi collective dans la Banque du Canada.

À travers cette chronique, Othmane raconte comment la monnaie s’est transformée d’un bien tangible en un concept abstrait. Depuis la fin du système de Bretton Woods en 1971, les monnaies ne sont plus adossées à l’or : elles flottent librement selon l’offre et la demande, selon la confiance que les marchés accordent à un pays, à son économie et à ses institutions. La valeur du dollar canadien, par exemple, varie au gré des prix du pétrole, des taux d’intérêt ou de la politique américaine.

Mais la monnaie moderne, c’est aussi celle qu’on ne voit plus : la monnaie scripturale créée par les banques. Chaque fois qu’une banque accorde un prêt, elle crée de la monnaie nouvelle par un simple jeu d’écriture comptable. Cette création monétaire est le moteur du crédit, donc de la croissance, mais elle doit être surveillée. Trop de crédit ? C’est l’inflation. Pas assez ? C’est la récession. C’est ici qu’intervient le rôle régulateur de la Banque du Canada, gardienne de la stabilité monétaire.

Et aujourd’hui, une nouvelle révolution est en marche : celle des cryptomonnaies et de la blockchain. Avec le Bitcoin, la monnaie se détache des États : plus de banque centrale, plus d’intermédiaire. La confiance repose sur la technologie. Une innovation audacieuse, mais qui soulève des questions profondes : qui garantit la valeur ? qui protège les usagers ? et que devient la souveraineté monétaire ?

Dans ce contexte, la Banque du Canada prépare déjà un dollar numérique officiel, une version électronique de la monnaie nationale, sécurisée et encadrée. Un projet qui cherche à concilier modernité et confiance, innovation et stabilité.

À travers cette traversée historique et technologique, Othmane Lamzihri met en lumière une vérité simple : la monnaie est avant tout une promesse collective. Elle n’existe que parce que nous y croyons ensemble. Quand cette confiance vacille, tout vacille : crises financières, paniques bancaires, effondrement des devises.

Cette chronique du Radiothon nous rappelle que la monnaie n’est pas qu’un instrument de mesure ou un moyen de paiement : c’est un lien social, un symbole de coopération et de foi dans l’avenir.

De la pièce antique au portefeuille numérique, de l’orfèvre médiéval à la banque centrale, l’histoire de la monnaie raconte aussi l’histoire de l’humanité qui apprend à faire confiance.