Qu’est-ce que la croissance économique ? Un chiffre ? Une promesse ? Ou peut-être un miroir de nos sociétés modernes ? Dans ce premier segment spécial du Radiothon de L’Économie en Mouvement, Othmane Lamzihri nous invite à remonter aux origines de cette notion centrale de la pensée économique, pour mieux comprendre comment elle façonne encore aujourd’hui nos politiques, nos emplois et nos vies quotidiennes.
Derrière chaque pourcentage de croissance se cache une histoire : celle de la production, du travail et du progrès technique. Dans les années 1950, l’économiste américain Robert Solow a montré que la croissance ne repose pas seulement sur l’accumulation de capital ou de main-d’œuvre, mais surtout sur le progrès technologique — cette capacité à innover, à produire plus efficacement, à transformer la connaissance en productivité. Ce modèle a inspiré des générations d’économistes et de décideurs politiques, convaincus que la croissance était la clé du bien-être collectif.
Mais au fil des décennies, les limites de cette vision purement quantitative sont apparues. La croissance du PIB n’est pas toujours synonyme de développement humain. Produire plus n’implique pas forcément vivre mieux. On a commencé à parler de croissance inclusive, de croissance durable, et même de croissance verte. Dans cette chronique, Othmane explore cette évolution du concept, du modèle industriel des Trente Glorieuses aux débats contemporains sur la transition écologique et la redistribution des richesses.
À travers des exemples concrets — comme la trajectoire du Canada avant et après la pandémie de 2020 — il montre que la croissance moderne est devenue fragile et multidimensionnelle. Elle dépend autant de la productivité et de l’investissement que de la confiance des ménages, de la stabilité politique, ou encore de la capacité d’un pays à innover sans détruire son environnement.
Cette réflexion nous conduit à une question essentielle : peut-on encore parler de croissance infinie sur une planète aux ressources limitées ? Certains économistes prônent aujourd’hui la post-croissance, voire la décroissance choisie, non pas comme un repli, mais comme une nouvelle manière de concevoir le progrès. Moins de consommation, plus de durabilité ; moins de production inutile, plus de qualité et de partage.
Dans cette émission, Othmane Lamzihri fait le pont entre la théorie économique et la réalité sociale. Il montre comment les modèles, souvent abstraits, s’appliquent au quotidien : dans nos emplois, dans les politiques publiques, et dans la manière dont les sociétés réagissent face aux crises. Il rappelle que la croissance n’est pas une simple équation mathématique, mais une construction collective, nourrie par nos choix, nos valeurs et nos institutions.
Le Canada illustre bien cette tension entre ambition et prudence. Après une période de croissance soutenue avant 2020, le pays a dû composer avec la pandémie, la relance, puis l’inflation. Ces épisodes successifs ont montré que la croissance n’est pas linéaire, mais cyclique ; qu’elle peut être stimulée par les politiques monétaires et budgétaires, mais aussi freinée par les déséquilibres mondiaux, les conflits ou les pénuries.
Othmane aborde également la dimension éthique de la croissance.
Est-elle encore compatible avec la lutte contre les inégalités ?
Peut-on mesurer la réussite d’un pays uniquement à travers son PIB ?
Et surtout, comment concilier la recherche de richesse matérielle avec la préservation du bien-être collectif et de la planète ?
À travers ces questions, cette chronique invite à repenser la croissance non pas comme un objectif en soi, mais comme un moyen au service d’un projet de société. Un projet où l’innovation technologique, la justice sociale et la durabilité environnementale ne s’opposent pas, mais se complètent.
Ce premier épisode du Radiothon est donc bien plus qu’une simple explication économique : c’est une réflexion sur notre rapport au progrès. Il redonne du sens à un concept souvent réduit à un indicateur, en rappelant que la vraie croissance n’est peut-être pas seulement celle du PIB, mais aussi celle de nos idées, de notre solidarité et de notre conscience collective.
Un regard accessible, ancré dans la réalité canadienne, mais ouvert sur le monde — fidèle à l’esprit de L’Économie en Mouvement, cette émission qui met la science économique au service de la compréhension citoyenne.
L’IA transforme déjà notre économie, du travail à la finance. Mais qui en tire réellement profit ? Et quelles sont les conséquences pour la...
Dans ce deuxième épisode, on s’intéresse à un aspect souvent oublié : l’impact de la désinformation sur les entreprises.Faux avis, campagnes coordonnées, rumeurs virales,...
Cette deuxième chronique plonge dans le grand paradoxe contemporain : jamais le monde n’a produit autant de richesse, et jamais elle n’a été aussi...