Episode Transcript
[00:00:00] Le balado que tu t'apprêtes à écouter, tu peux pas l'entendre ailleurs. C'est une exclusivité.
[00:00:05] 88.3, c'est fact. Ça part ici.
[00:00:13] De retour, de retour sur les androcéphales 88.3.
[00:00:17] Alors, dans cette troisième chronique de notre série spéciale sur le capital humain, la main d'œuvre au Canada, on a expliqué d'abord le capital humain et les vraies richesses d'un pays. Ensuite, on a vu que le Canada s'est construit sur l'immigration historiquement et économiquement. Aujourd'hui, on rentre, ou bien on entre dans la partie la plus concrète, la plus actuelle et la plus importante.
[00:00:41] J'aimerais parler sur pourquoi les immigrants sont indispensables au marché du travail canadien aujourd'hui.
[00:00:47] Pas politiquement, pas émotionnellement, pas économiquement, factuellement.
[00:00:55] Alors, depuis 2018, on entend partout, il manque des travailleurs, mais ce n'est pas une situation passagère.
[00:01:05] Les économistes répètent toute la même chose.
[00:01:08] Le Canada manque de travailleurs et il en manquera encore plus dans les années prochaines ou bien les prochaines décennies.
[00:01:17] Voici pourquoi.
[00:01:18] Premièrement, je vois que le vieillissement de la population.
[00:01:22] Car ici, le Canada est le pays du G7 avec le vieillissement le plus rapide après le Japon.
[00:01:29] 26% de la population aura plus de 65 ans d'ici 2035.
[00:01:35] Les baby boomers sortent du marché de travail et il n'y a pas assez de jeunes pour les remplacer.
[00:01:44] Deuxièmement, il y a un des taux de natalité les plus bas au monde. Le Canada est aujourd'hui 1,4 enfants par femme.
[00:01:52] Il faut 2,1 pour que la population se renouvelle. Donc sans immigration, Je peux dire que la population active diminue chaque année.
[00:02:02] Après, il y a aussi la demande de la main-d'œuvre en hausse. Plus l'économie se modernise, plus elle a besoin d'ingénieurs, de programmeurs, d'infirmières, de chauffeurs, de travailleurs spécialisés. Alors, le Canada n'en fend pas assez.
[00:02:19] Alors, si je veux parler sans immigration, l'économie se bloque immédiatement.
[00:02:24] Je peux dire que la Banque du Canada l'a dit en 2023.
[00:02:28] Sans immigration, la croissance économique du Canada se rapproche de zéro.
[00:02:32] Le marché du travail repose sur un simple mécanisme.
[00:02:36] Il faut plus de travailleurs pour produire plus de biens et de services.
[00:02:41] Et dans certains secteurs, c'est encore plus clair.
[00:02:45] Sans immigration, le secteur s'effondre.
[00:02:48] Alors, entre 2016 et 2022, 90% de la croissance de la main d'œuvre vient de l'immigration.
[00:02:56] C'est un chiffre monumental.
[00:02:58] Et ça signifie que 9 nouveaux travailleurs sur 10 ne sont pas nés au Canada.
[00:03:03] Un travailleur sur 4 dont la santé est un immigrant, ça veut dire que 37% des médecins, ça veut dire que 28% des infirmières, 45% des proposés aux bénéficiaires dans certains hôpitaux urbains. Sans immigration, les systèmes de santé ferment le lendemain matin.
[00:03:21] Et je peux dire aussi au niveau de la construction, 30% des travailleurs sont des immigrants. À Toronto, c'est presque 50%. C'est simple, si tu veux construire des maisons, des routes, des ponts, tu as besoin des immigrants.
[00:03:34] Alors, technologie, entre 40% et 50% des travailleurs sont nés à l'étranger, comme par exemple Toronto, et est devenue la Silicon Valley du Nord grâce au talent importé indien, chinois, nord-africain, européen de l'Est.
[00:03:51] Et en ce qui concerne l'agriculture, chaque été, plus de 70 000 travailleurs étrangers temporaires viennent récolter les fruits et les légumes, traire les vaches, faire fonctionner les fermes. Sans eux, les rayons des supermarchés seraient vides. Les prix des fruits et légumes exploseraient.
[00:04:10] Alors, au niveau des restaurations et services, ce sont les secteurs qui emploient le plus de nouveaux arrivants.
[00:04:16] Regarde autour de toi à Montréal, regarde autour de toi au niveau de Toronto, de Vancouver, et même ici à Sherbrooke, cuisinier, livreur, serveur, barista, travailleur de dépanneur, la majorité sont des immigrants.
[00:04:34] Sans eux, une grande partie des restaurants fermeraient.
[00:04:38] C'est une perception un peu importante.
[00:04:41] Beaucoup pensent que l'immigration augmente la compétition sur le marché du travail. Mais ce n'est pas ce qui se passe ici.
[00:04:50] Pourquoi ? Parce que les postes de vacances sont massifs.
[00:04:53] Même avec l'arrivée des immigrants.
[00:04:57] 750 000 postes restent vacants au Canada, selon Statistique Canada.
[00:05:02] Dans la santé, il y a 100 000 postes non comblés. Dans la construction, 80 000. Dans le transport, 20 000 camionneurs manquants.
[00:05:09] Donc, l'immigration ne substitue pas.
[00:05:12] Elle remplit là où il manque.
[00:05:15] Alors, au niveau de la complémentarité, L'immigration permet d'ouvrir plus de commerce, d'élargir les horaires, de maintenir les services publics, de créer les entreprises. Un immigrant ne prend pas un emploi, il augmente la capacité totale de l'économie.
[00:05:33] Et en ce qui concerne les immigrants créés aussi des emplois, alors 33% des PME au Canada sont dirigés par des personnes immigrantes.
[00:05:43] Ce n'est pas une minorité, c'est un pilier économique.
[00:05:46] Et quand un travailleur arrive au Canada à 25, 30, 35 ans, il apporte 20 ans d'éducation, 10 ans d'expérience.
[00:05:55] Et tout cela sans que le Canada ait payé un seul dollar de formation.
[00:06:00] C'est vraiment la vérité crue, mais économique. Chaque immigrant représente un investissement éducatif de 100 000 à 300 000 dollars que le Canada ne paye pas.
[00:06:10] C'est du capital humain prêt à l'emploi.
[00:06:13] L'immigration n'est pas seulement utile, elle est essentielle pour financer la santé, financer les écoles, les infrastructures, les pensions, les services aux aînés, Parce que qui finance l'État ? Ce sont les travailleurs, c'est le capital humain, c'est la main d'œuvre.
[00:06:30] Et si le nombre de travailleurs chute, les impôts augmentent, les services diminuent, ou les deux, ce n'est pas une opinion, c'est quelque chose de mécanique.
[00:06:40] Alors, si on fermait les frontières, voici ce qui arriverait en deux ans.
[00:06:47] Première année, pénurie massive dans la santé. Chantiers, paralysés, restaurants qui ferment, perte de milliards dans les technologies.
[00:06:54] Deuxième année, baisse de la croissance, hausse du coût de la santé, inflation sur les produits alimentaires. veillissement accéléré, déficit public en hausse. Et les économistes appellent ça le choc démographique inversé.
[00:07:09] C'est exactement ce que vit déjà le Japon avec des conséquences dramatiques.
[00:07:15] Alors aujourd'hui, il faut être clair et le dire que les immigrants ne sont pas un ajout.
[00:07:22] Ils ne sont pas une option. Ils ne sont pas un bonus.
[00:07:26] Ils sont un pilier fondamental du marché du travail canadien.
[00:07:29] Il soutient les services publics, il soutient la santé, la construction, l'agriculture, technologie, le commerce.
[00:07:35] Et sans eux, le Canada ne pourrait pas fonctionner malgré cette réalité économique.
[00:07:42] On voit depuis quelques mois une montée de tensions, de manifestations, de discours d'inquiétude. Pourquoi ? Parce que, comme souvent dans l'histoire, le problème n'est pas l'immigration, mais la capacité du pays à planifier logements, infrastructures, services.
[00:07:56] Et c'est exactement ce qu'on va décortiquer dans la quatrième chronique, pourquoi il y a des manifestations aujourd'hui.
[00:08:03] Alors on s'y retrouve juste après la pause pour décortiquer les manifestations, pourquoi ils sont là à Montréal, à Toronto.
[00:08:14] Et puis voilà, courte pause musicale et on se retrouve juste après.
