Episode Transcript
[00:00:00] Le balado que tu t'apprêtes à écouter, tu peux pas l'entendre ailleurs. C'est une exclusivité.
[00:00:05] 88.3, c'est fact. Tout ça part ici.
[00:00:14] Bienvenue dans cette quatrième et dernière chronique de notre émission spéciale consacrée à la main d'œuvre et au capital humain au Canada. On a compris trois choses essentielles. C'est le capital humain et la première richesse d'un pays. Le Canada s'est historiquement construit grâce à l'immigration.
[00:00:33] Aujourd'hui, les immigrants sont indispensables pour faire fonctionner la santé, la construction, les technologies et l'agriculture.
[00:00:45] Et pourtant, malgré cette réalité économique, le Canada traverse une période de tension.
[00:00:51] On voit des manifestations, des critiques, des débats très chargés émotionnellement. Alors, la vraie question, c'est pourquoi maintenant ? Pourquoi ces tensions ? Et qu'est-ce qu'il y a de rayé en fait ? Ce n'est pas un débat moral ou partisan, c'est un problème vraiment de planification économique.
[00:01:13] C'est là que tout commence alors.
[00:01:16] Le Canada a se construit pendant 20 ans. Les économistes le répètent depuis longtemps. Le Canada construit beaucoup trop peu de logements. Il manque aujourd'hui 1,5 million de logements pour répondre à la demande de la CMHC et d'ici 2030, il faudra 3,5 millions de plus.
[00:01:33] Et puis la population augmente, plus vite que les logements. Entre 2016 et 2023, la population canadienne a augmenté de 3 millions de personnes, mais on a construit qu'environ 1 million de logements. Et comme résultat, on voit qu'au hausse des loyers, vraiment rareté extrême à Toronto, Vancouver et même à Montréal, surcharge dans les quartiers étudiants, explosion du prix des chambres et les gens confondent immigration et logement.
[00:02:02] Quand les loyers montent, les gens cherchent un responsable visible.
[00:02:09] Et l'immigration devient la boucle émissaire, la boucle facile, même si ce n'est pas l'immigration qui a créé la crise. C'est l'absence de construction depuis 20 ans. On ne construit pas assez, mais on continue d'attirer les travailleurs pour combler les pénuries. La pression monte et les émotions explosent. La deuxième cause que je vois, c'est la pression sur les services publics. Par exemple, la santé. Les urgences sont surchargées.
[00:02:38] Les temps d'attente augmentent, les gens sont frustrés. Ils se disent qu'on n'accueille plus de monde alors que les hôpitaux débordent déjà. Mais la vérité, c'est que sans immigrants, il manquerait des milliers d'infirmières et le système se vendrait en 48 heures.
[00:02:55] Et en ce qui concerne le transport, les grandes villes ont des métros et bus saturés, même si la population a doublé dans certains quartiers.
[00:03:04] Et pour l'éducation, dans plusieurs provinces, les classes sont pleines. On compte parfois 30 à 35 élèves par classe.
[00:03:12] Encore une fois, le problème, ce n'est pas le nombre d'élèves, c'est le manque de nouvelles écoles.
[00:03:17] La troisième cause que je vois, c'est la confusion entre les différentes catégories d'immigration.
[00:03:22] Dans les médias ou les réseaux sociaux, on mélange tout.
[00:03:25] Immigration permanente, étudiants étrangers, travailleurs temporaires, réfugiés, demande d'asile.
[00:03:35] C'est comme si on mélangeait cinq systèmes totalement différents.
[00:03:38] Les étudiants étrangers y sont 900 000 aujourd'hui, mais ce ne sont pas des immigrants permanents. Ils viennent étudier, consommer, travailler quelques heures, puis repartir ou demander un permis de travail.
[00:03:51] Les travailleurs temporaires, ils représentent environ 6% de la main d'œuvre canadienne.
[00:03:56] Ils sont essentiels en agriculture, restauration, logistique.
[00:03:59] Mais ils mettent aussi une pression sur le logement. Les réfugiés et les demandeurs d'asile, moins de 10% de nouveaux arrivants. Ce sont des situations humanitaires pas économiques. Mais quand on mélange tout, la perception devient le Canada accueille trop de monde.
[00:04:17] même si les catégories n'ont aucun rapport entre elles.
[00:04:20] Quatrième cause, c'est la planification fédérale et provinciale mal coordonnée.
[00:04:26] C'est LA raison profonde.
[00:04:28] Le fédéral décide combien de personnes entrent dans le pays. Immigration permanente, étudiants, travailleurs temporaires, les provinces gèrent le logement, les écoles, les hôpitaux, les transports, les infrastructures. Donc si, par exemple, le fédéral augmente de l'immigration, Mais que les provinces n'augmentent pas les infrastructures, tu crées un effet entonnoir, tu crées de la frustration, tu crées des tensions.
[00:04:54] Ce n'est pas un choc migratoire, c'est un choc d'infrastructures.
[00:04:58] Alors le problème n'est pas l'immigration ou bien l'immigrant. Le problème est qui construit les logements, qui augmente le nombre de médecins, qui planifie le transport, qui prépare les écoles.
[00:05:10] C'est là que ça bloque.
[00:05:12] Et la cinquième cause qu'il faut parler, c'est le discours politique et la peur économique.
[00:05:19] En période de forte inflation, en période de hausse de taux d'intérêt, prix des loyers record, stagnation de la productivité, les gens sont plus vénérables au discours populiste.
[00:05:30] On cherche un responsable visible.
[00:05:34] C'est qui ?
[00:05:36] L'immigrant, bien sûr. L'immigrant devient la cible.
[00:05:39] Le problème, ce n'est pas l'immigrant qui décide des taux d'intérêt.
[00:05:42] Le problème, ce n'est pas l'immigrant qui fixe les loyers ou bien bloque la construction de logements ou bien qui gère les budgets provinciaux.
[00:05:52] Mais dans les manifestations, ce sont pourtant eux qui en pointent du doigt.
[00:05:58] C'est une réaction émotionnelle, pas une réaction économique. Alors pourquoi les manifestations aujourd'hui ?
[00:06:04] parce que plusieurs crises se superposent. Une crise du logement, crise de santé, crise transport, inflation, manque d'infrastructure.
[00:06:13] Je peux dire aussi confusion sur les chiffres, peur de changement et surtout le public a l'impression que la capacité d'accueil est dépassée. C'est vrai pour les infrastructures, c'est faux pour l'économie.
[00:06:23] L'économie canadienne a besoin d'immigration, mais les infrastructures n'ont pas suivi.
[00:06:29] C'est là, c'est là que la tension naît. Alors, Après ces quatre chroniques, on peut tirer un fil conducteur très clair.
[00:06:39] C'est que le capital humain, c'est la première richesse d'un pays.
[00:06:43] Et dans le cas du Canada, ce capital humain s'est toujours construit avec l'immigration.
[00:06:49] Historiquement, Économiquement, démographiquement, c'est la colonne vertébrale du pays. Aujourd'hui, alors encore, les immigrants sont ésociels.
[00:06:59] Sans eux, pas de santé, pas de construction, pas d'agriculture, pas de technologie, pas de croissance.
[00:07:05] Et les manifestations et les tensions qu'on voit aujourd'hui ne sont pas un rejet de l'immigration.
[00:07:12] Elles sont le résultat d'un pays qui a attiré des travailleurs, mais qui n'a pas adapté suffisamment ses logements, ses écoles, qui n'a pas adapté même le transport et les hôpitaux.
[00:07:24] Ce n'est pas un choc migratoire, c'est un choc d'infrastructure.
[00:07:28] La vraie question, ce n'est pas, devons-nous accueillir moins de gens ? La vraie question est, sommes-nous prêts à planifier correctement pour que tout le monde, ancien et nouveau Canadien, puisse vivre dignement ?
[00:07:41] Alors merci d'avoir été à l'écoute de cette émission spéciale de l'Économie au Mouvement qui a porté sur la main d'œuvre le capital humain et on se retrouve la semaine prochaine comme toujours pour comprendre ensemble ce qui bouge dans notre économie et pourquoi ça nous concerne tous.
[00:07:58] Alors c'était ça notre émission spéciale de l'Économie au Mouvement sur les ans de CFA 88.3 FM.
[00:08:07] À la semaine prochaine et à très bientôt.
[00:08:10] Et j'ai oublié de dire, on se retrouve dans même heure, même endroit, même fréquence sur la CFA 88.3. Bye bye. Ciao.
