Episode Transcript
[00:00:00] Speaker A: Le balado que tu t'apprêtes à écouter.
[00:00:01] Speaker B: Tu peux pas l'entendre ailleurs.
[00:00:03] Speaker A: C'est une exclusivité. L'économie.
[00:00:12] Speaker B: N'Attend pas. Elle bouge, elle évolue, elle vous surprend. Rejoignez votre hôte, Othmane Landry, alors qu'il explore et expose toutes les facettes du monde des finances. Bienvenue dans l'économie mouvement.
[00:00:27] Speaker A: Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans l'Economie en Mouvement, votre rendez-vous hebdomadaire sur CFA 88.3 FM. Ici, Otmar Lamzeli, économiste curieux et engagé pour vous aider à mieux comprendre les réalités économiques d'ici et d'ailleurs. Alors, aujourd'hui, On va parler de quelque chose de très concret. Je peux dire aussi de très quotidien, mais aussi de très politique. Le prix de notre panier d'épicerie. Pourquoi est-ce que les prix des aliments restent aussi élevés, même si l'inflation générale ralentit ? On a toute cette impression. On regarde les chiffres de StatCanada qui disent que l'inflation diminue. Mais quand on passe à la caisse, les tomates, le lait et le fromage ne suivent pas la tendance. Alors, qu'est-ce qui se passe-t-il ? Est-ce simplement un effet de décalage dans les chaînes d'approvisionnement ou y a-t-il des acteurs qui profitent de la situation ? Est-ce qu'on est face à une énergie économique normale ou à un déséquilibre de pouvoir dans les marchés alimentaires ? On va essayer de décortiquer tout ça ensemble, calmement, mais sans détour. Car d'abord, si on pose un peu de contexte, car en avril 2024, l'inflation globale au Canada est redescendue à 2,7%, ce qui est bien, qui est proche de la cible de la Banque du Canada. Oui, c'est une bonne nouvelle.
Pas tout le monde, en fait, car dans les détails, les prix alimentaires ont augmenté de 5,1% sur un an, soit presque le double du taux global. Et ça, c'est une moyenne, car certains produits qu'on connaît, comme les fruits, les fruits frais ou les produits transformés, ont pris 7, 8, voire 10%.
Dans certaines régions comme le Québec, on parle même des hausses cumulées de plus de 20% depuis le début de la pandémie de la COVID-19. Et le plus dur que ces hausses-là touche les ménages à faible revenu de façon disportionnée. Selon StatCanada, en avril 2025, l'indice des prix à la consommation, ce qu'on dit l'IPC, a augmenté de 1,7% sur 12 mois, en baisse par rapport à la hausse de 2,3 enregistrée en mars. Cette décélération est principalement attribuable à la baisse des prix de l'énergie, notamment une diminution de 18,1% des prix de l'essence suite à la suppression de la taxe carbone pour les consommateurs. Cependant, les prix des aliments achetés en magasin ont augmenté de 3,8% en avril, après une hausse de 3,2% en mars. Les principales hausses concernent le boeuf frais ou surgelé, plus de 16,2%, café ou thé, 13,4%, sucre, 8,6%, légumes frais, 3,7%.
Pourquoi cette divergence entre l'inflation globale et l'inflation alimentaire ? Plusieurs facteurs expliquent cette situation. Premièrement, je peux évoquer la chaîne d'approvisionnement qui est plus ou moins complexe. En effet, entre le producteur et le consommateur, de nombreux intermédiaires interviennent. Chacun ajoute sa marche. Les coûts de production, de transformation, de distribution ont été impactés par divers facteurs, notamment les conditions climatiques et les perturbations logistiques. On peut ajouter un autre facteur qui concerne l'effet des tarifs douaniers, car les tensions commerciales, notamment avec les États-Unis, ont entraîné l'imposition des tarifs sur certains produits, augmentant ainsi les coûts pour les importateurs et par conséquent pour les consommateurs. On a aussi le pouvoir de marché des grandes chaînes, car au Canada, quelques grandes chaînes dominent le marché de l'épicerie. Cette concentration peut limiter la concurrence et permettre à ces entreprises de maintenir des prix élevés, même lorsque les coûts diminuent. Il faut quand même comprendre qu'entre la ferme et notre frigo, il y a toute une chaîne de valeurs.
Quand vous payez 4 dollars pour une pinte de lait, ce n'est pas juste le producteur laitier qui a payé, ou bien qui y est payé. Il y a tout un processus de transformation de transportateur, de distributeur, d'étaillant. Chacun prend une marche, chacun subit des coûts. Et ces coûts, ils sont explosés avec la pandémie et la guerre d'Ukraine. Les perturbations climatiques aussi s'intègrent. Les prix en gré de l'essence, des contenants, du transport maritime, tout ça a augmenté. Même si certains prix ont redescendu, par exemple le pétrole ou les céréales, il y a aussi les baisses mettent du temps en temps et ça a reflété en rayons car les contrats sont longs, les marges doivent être stabilisées et certains hauts sont simplement conservés. Alors là, on touche un point sensible.
C'est ça les géants de l'épicerie au Canada. Trois entreprises contrôlent plus de 65% du marché. Dans un tel contexte, est-ce qu'il y a vraiment une concurrence?
Où est-ce qu'on est dans une situation où les hausses des prix sont justifiées? Mais les baisses, beaucoup moins, car en 2023, Weston, qui est le PDG de Loblaws, a été convoqué au Parlement pour expliquer les marges de profit record de son entreprise, ce qui était explosif, car pendant que les Canadiens réduisent la viande, achètent en vrac, vendent En fait, vendre les banques alimentaires, les profits des grandes chaînes montent, et coïncide à quoi ? Aux stratégies bien huilées ? Car certains économistes parlent de gridflation, je pense. Un mot valise entre greed, qui signifie avidité, et inflation. L'idée, c'est que certaines entreprises profitent de l'inflation comme excuse pour augmenter plus que nécessaire. Comme conséquence pour les ménages, cette situation a des répercussions concrètes. Je vois deux répercussions significative à mon point de vue. Il y a une augmentation des dépenses alimentaires, car le rapport de 2025 sur les prix alimentaires au Canada prévoit que le ménage moyen de 4 personnes dépensera 16 000 à peu près jusqu'à 17 000 en alimentation cette année, soit une augmentation de 801,56 sous par rapport à l'année précédente.
Le deuxième, je le vois sur le recours accru aux banques alimentaires, car de plus en plus, y compris les travailleurs à temps plein, les ménages se tournent vers les banques alimentaires pour subvenir à leurs besoins.
Le réseau de banques alimentaires du Québec vit en aide à plus de 500 000 personnes uniques mensuellement et le nombre d'aides alimentaires a augmenté de plus d'un million seulement en trois ans. Alors face à cette situation quand même, le gouvernement a pris certaines mesures.
comme la suppression de la taxe carbone pour les consommateurs, ce qu'on a discuté la semaine passée, car cette décision a contribué à la baisse des prix de l'énergie, mais son impact sur les prix alimentaires reste limité. Il y a aussi le projet de la loi C-56, qui est Affordable Housing and Groceries Act, qui vise à renforcer la concurrence dans le secteur de l'épicerie en modifiant la loi sur la concurrence. Toutefois, Certains experts estiment que ces changements pourraient ne pas suffire à réduire les prix alimentaires. Des ménages sous suppression et des banques alimentaires débordés, car le résultat est tangible. Selon le dernier rapport de la Banque alimentaire du Canada, plus de 2 millions de Canadiens ont eu recours à une aide alimentaire en 2023.
Quelles mesures possibles pour réguler cette spirale ? Alors, que faire ? Plusieurs pistes sont sur la table, même s'il reste encore timide, car il y a l'encadrement des marches. Certains débutés proposent d'imposer une transparence obligatoire des marches prises par les chaînes, et c'est déjà le cas en France.
Il y a aussi la hausse de la concurrence. Car le gouvernement souhaite faciliter l'entrée de nouvelles chaînes étrangères comme étant Lidl, mais ça reste lent et ça va prendre beaucoup de temps. Il y a aussi le renforcement des coopératives alimentaires. Il existe des modèles alternatifs, plus solidaires, sans encroissance et encore faut-il les soutenir avec des vraies politiques publiques. Je peux ajouter comme dernier point l'aide directe au ménage. Il y a les crédits d'impôt, il y a les subventions ciblées, les programmes alimentaires scolaires, autant de leviers pour protéger les plus vulnérables. Voilà, pour notre premier sujet du jour, une plongée dans votre panier d'épicerie entre réalité économique et mécanique de prix, on l'a vu, derrière le simple ticket de la caisse se cache un système bien plus vaste et fait beaucoup de marge. Et aussi, on voit qu'il existe une inégalité croissante. Alors, restez avec nous, parce qu'après la pause, on change complètement de décor. Ou presque. On passe de l'épicerie à l'écran, des entrées aux dons. On va parler de Google, Meta, Amazon, ces géants qu'on appelle, voilà, ces géants numériques qui brassent des milliards de dollars, souvent, qu'on comprenne vraiment. s'ils payent leur juste part d'impôts au Canada. Alors, taxer les géants de numérique, est-ce que c'est une mesure réaliste ou une illusion fiscale? On décortique ça ensemble juste après la pub, donc à tout de suite sur les ondes de CFA 88.3.