L'économie en mouvement - Croissance ralentie : que nous dit vraiment le PIB en 2025 ? - 08 Juillet 2025

July 09, 2025 00:11:52
L'économie en mouvement - Croissance ralentie : que nous dit vraiment le PIB en 2025 ? - 08 Juillet 2025
L'économie en mouvement
L'économie en mouvement - Croissance ralentie : que nous dit vraiment le PIB en 2025 ? - 08 Juillet 2025

Jul 09 2025 | 00:11:52

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Show Notes

La Banque mondiale revoit à la baisse ses prévisions de croissance pour 2025. Que cache ce chiffre de 2,4 % ? Et le PIB, est-ce vraiment un bon indicateur de progrès ? Une chronique pour décortiquer les tensions économiques mondiales… et poser les bonnes questions.

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Episode Transcript

[00:00:00] Speaker A: Le balado que tu t'apprêtes à écouter, tu peux pas l'entendre ailleurs. C'est une exclusivité. 88.3 CFAQ Ça part ici. [00:00:08] Speaker B: L'économie n'attend pas. Elle bouge, elle évolue, elle vous surprend. Rejoignez votre hôte, Othmane Lamzéry, alors qu'il explore et expose toutes les facettes du monde des finances. Bienvenue dans l'économie en mouvement. [00:00:27] Speaker A: Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans l'Économie en Mouvement, votre rendez-vous hebdomadaire pour comprendre l'actualité économique avec clarté, avec un recul et quelques bonnes questions à la clé. Alors, je suis Othmane Lamzé, économiste passionné et aujourd'hui, bien évidemment, on va parler un peu des chiffres qui semblent anodins, mais qui disent beaucoup sur l'état du monde. Je vais parler sur la croissance mondiale. Le 11 juin dernier, la Banque mondiale a publié dans son rapport semestriel sur les perspectives économiques mondiales. Et le constat est clair. Elle revoit à la baisse ses prévisions pour cet an, pour 2025. Le monde devait croître à 2,7%, mais finalement, ça sera 2,4%. Ce n'est pas une chute libre, mais c'est un signal. Et ce signal, il faut le lire avec attention. C'est pour cela que j'ai envie quand même de prendre le temps de décortiquer le sujet sur la croissance, la croissance qui va se ralentir, ce qu'on appelle la décroissance en fait. Cela nous dit vraiment quoi ? Mais avant tout, c'est quoi leur croissance économique ? La croissance tout simplement. Quand on parle de la croissance, on parle en réalité de la croissance du PIB. C'est la somme de toute la richesse créée dans un pays ou dans le monde en une année. Que ce soit une baguette de points, une voiture, une coupe de cheveux ou un service de livraison. Tout est comptabilisé donc. Si le PIB augmente, on dit que l'économie croît. C'est ce qu'on appelle la croissance économique. Et en général, les gouvernements adorent ça. Plus de croissance, c'est plus de revenus fiscaux parce que plus de taxes, bien évidemment, plus d'emplois, plus de consommation. À l'inverse, quand il y a une baisse ou un ralentissement de la croissance, ça inquiète le gouvernement parce que cela veut dire que l'économie tourne au ralenti. J'aimerais faire un petit détour pédagogique, théorique, sur comment calcule-t-on le PIB, le Produit Intérieur Brut, parce que c'est bien et beau de parler sur le PIB, mais concrètement, sans calcul, il est un peu différent. En effet, le PIB peut être calculé de trois manières différentes, comme si on regardait la même pièce sous trois angles. Premièrement, c'est par la production. C'est la méthode de la valeur ajoutée. En addition à toutes les valeurs ajoutées créées par les entreprises, la valeur ajoutée, c'est la richesse effectivement produite, c'est ce qu'on vend moins, c'est ce qu'on a acheté pour produire. Par exemple, Si une boulangerie vend son pain à 2$, mais a acheté la farine à 0,50$, la valeur ajoutée c'est 1,50$. On fait ça pour toute l'économie. Le deuxième angle c'est par la demande, ou la méthode des dépenses. Ici, on additionne toutes les dépenses finales faites dans le pays. C'est la méthode la plus connue. qui est d'une équation mathématique simple créée par John Maynard Keynes, le père fondateur de l'économie, c'est le PIB est égal à la consommation plus les investissements des entreprises ou bien les investissements privés plus les dépenses publiques plus les exportations et moins les importations. C'est simple, tout ce que les ménages, l'État, les entreprises consomment ou investissent plus ce qu'on exporte moins ce qu'on importe. Le troisième angle, ou bien le troisième optique pour le PIB, c'est par le revenu. Là, on additionne tous les revenus distribués comme salaire, profit, impôts, intérêts, etc. car chaque bien ou service vendu a permis à quelqu'un de gagner de l'argent. Dans les trois cas, on retombe sur le même chiffre. Il le faut. En fait, il faut qu'on tombe sur le même chiffre. C'est ce qu'on appelle la comptabilité nationale. Un cadre serré, utilisé partout dans le monde pour mesurer l'activité économique. Mais voilà, mais attention car ce chiffre ne dit pas tout. Le PIB ne prend pas en compte plusieurs choses. le travail domestique non remunéré, comme élever un enfant ou aider un parent âgé, les dégâts environnementaux, ni le bien-être ou bien la qualité de vie. Et c'est pour cela que depuis quelques années, de plus en plus les économistes demandent des indicateurs complémentaires comme le bonheur intérieur brut, l'indice de développement humain, l'empreinte carbone ou encore l'indice de progrès social. Et pourquoi la Banque mondiale revoit ces chiffres à la baisse en fait ? Car plusieurs facteurs expliquent cette révision. Premièrement, je peux évoquer les taux d'intérêt. Car les taux d'intérêt élevés depuis le flambé de l'inflation de post-Covid, les banques centrales comme Federal Reserve Bank aux Etats-Unis et la Banque du Canada ont rélevé leurs taux. Et quand les taux montent, empruntez coûts plus chers. Et comme résultat, il y a quoi ? Les ménages qu'en sont moins. Les entreprises investies sont moins. Deuxième optique, deuxième facteur, c'est la dette publique. Beaucoup de pays sont très endettés. Pendant la pandémie, les États ont dépensé énormément pour soutenir leurs économies. Et aujourd'hui, ils doivent rembourser. Et cela pèse sur leur capacité à investir. Troisième facteur sont les tensions géopolitiques. L'invasion russe en Ukraine, les tensions en Moyen-Orient, la guerre commerciale en Chine et les États-Unis. Tout cela peut créer de l'incertitude et l'économie déteste l'incertitude. Quatrième facteur, ou bien dernier facteur, c'est la Chine qui était le moteur de croissance mondiale. Et dû à ça, on a vu vraiment un ralentissement chinois. Mais depuis quelques années, elle peine à retrouver sa dynamique. Son secteur immobilier est en crise. Sa population vieille et ses exportations ralentissent. Mais pourquoi cette baisse de 0,3 est-elle importante en fait pour l'économie canadienne ? Sur le papier, on pourrait dire 2,7% ou 2,4. Ce n'est pas si grave, mais c'est à l'échelle mondiale. 0,3% de croissance en moins, c'est des centaines de milliards de dollars de richesses non créées. C'est moins d'emplois, moins de marge de manœuvre pour les pays pauvres et parfois plus d'intégrité. Et surtout, cette baisse s'inscrit dans une tendance de croissance molle Car depuis 2008, la croissance mondiale peine à retrouver sa vigueur. Même les pays développés comme les membres du G7 connaissent une croissance souvent inférieure à 2%. Or, dans ces conditions, comment financer la transition écologique, les services publics, l'innovation ? Tous les pays sont-ils égaux face à cette baisse ? Directement, non. C'est là que ça devient intéressant. Je donne des exemples. Même du G7. Les Etats-Unis, grâce à une forte consommation intérieure et des investissements dans la technologie, ils s'en sortent mieux que prévu. Ils sont zen. L'Europe, elle, est plus affectée par la guerre de l'Ukraine, la hausse des prix de l'énergie et des réformes économiques qui sont vraiment difficiles. Mais ici au Canada, par exemple, selon la Banque mondiale, elle devrait rester stable, mais à un rythme modeste autour de 1,6% de la croissance. En fait, ce n'est pas si pire, c'est correct. Mais les pays en développement, surtout ceux très endettés, voient leur perspective s'assombrir. Comme les investissements étrangers fouillent, les devises se déprécient et sa pauvreté augmente. Et maintenant, les grandes questions sont quoi ? Ce chiffre de 2,4 qu'on a évoqué dès le début ouvre des réflexions qui sont plus larges. Je me pose la question à propos du PIB. Le PIB est-il encore un bon indicateur pour mesurer cette croissance économique ? Pour moi, Et pour plusieurs économistes, le PIB ne dit rien sur les inégalités, ne dit rien sur le bien-être, sur la santé de la planète. Un pays peut croître, mais détruire ses écosystèmes, maltraiter ses travailleurs ou voir ses citoyens vivre dans l'insécurité. Je ne vais pas donner des exemples. On le voit avec des pays qui affichent une belle croissance. on le voit aussi dans le niveau de vie qui stagne pour la majorité. Et je vois aussi que ce chiffre de 2,4 en fait ne signifie rien car peut-on croître indéfiniment dans un monde fini ? Le débat sur la croissance ou bien sur la décroissance et la croissance verte revient en force. Certains, disent qu'il faut ralentir pour préserver la planète. D'autres pensent qu'on peut concilier la croissance économique, protéger l'environnement grâce à l'innovation. Qui a raison ? Faut-il repenser notre dépendance à la Chine aussi ? Parce que ça, vraiment, ça joue dans le 2,4%. Car le ralentissement chinois nous oblige à diversifier nos partenaires. Est-ce le moment de réindustrialiser nos économies, d'investir davantage dans nos propres infrastructures, de relocaliser certains chaînes de production ? Ce que nous dit la Banque mondiale, c'est que le monde entre dans une phase de croissance lente et incertaine. Et dans ce contexte, il ne suffit pas de chercher à croître. Il faut s'interroger, quelle croissance voulons-nous et pour qui et à quel prix ? Parce que rappelant, le PIB c'est un outil, pas une fine en soi. L'économie ne devrait pas seulement produire plus, elle devrait aussi permettre de vivre mieux. Alors c'était ça le premier bloc qui portait sur la croissance ralentie. Que nous dit vraiment le PIB en 2025 ? On a vu vraiment quelques statistiques sur cela. Et on passe à une courte pause, on va entendre en fait les corbeilles fréquents, la fin du show.

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