L'économie en mouvement - Jeux Olympiques, Coupes du Monde : la face cachée du sport business - 10 Juin 2025

June 11, 2025 00:12:02
L'économie en mouvement - Jeux Olympiques, Coupes du Monde : la face cachée du sport business - 10 Juin 2025
L'économie en mouvement
L'économie en mouvement - Jeux Olympiques, Coupes du Monde : la face cachée du sport business - 10 Juin 2025

Jun 11 2025 | 00:12:02

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Show Notes

Accueillir un grand événement sportif est souvent vendu comme une aubaine économique. Mais la réalité est souvent plus amère : explosion des coûts, dettes publiques, évictions forcées, infrastructures inutilisées après l’événement… De Rio à Athènes, en passant par le Qatar ou Johannesburg, ce sujet démonte le mythe du sport salvateur et montre comment le prestige peut ruiner un pays.

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Episode Transcript

[00:00:00] Le balado que tu t'apprêtes à écouter, tu peux pas l'entendre ailleurs. C'est une exclusivité. 88.3, c'est fuck. Ça part ici. [00:00:16] de retour dans l'économie en mouvement sur CEVAQ 83. Après avoir parlé de l'environnement, de croissance, des tensions géoéconomiques, j'aimerais qu'on s'attaque à un mythe, un mythe quand même doré, en apparence. [00:00:35] On peut ajouter plusieurs bons adjectifs sur ça. Les Jeux Olympiques, la Coupe du monde, des événements planétaires porteurs d'émotions, de rassemblements, de fierté des pays. Mais une fois les feux d'artifices éteints, que reste-t-il ? Des dépenses colossales, des déficits publics, des stades vides, des populations déplacées et souvent des désillusions économiques. Alors que les JO et la Coupe du Monde, comme étant... comme les pays en développement, ils les voient comme moteurs. Mais, en fait, c'est un frein pour l'économie des pays hautes. J'aimerais reformuler cette phrase comme étant une question. Alors, la Coupe du Monde ou bien les Jeux Olympiques, est-ce qu'ils sont un moteur ou bien ils freinent l'économie des pays? Voyons ça. Organiser un méga événement sportif, c'est aussi faire explorer des budgets. Prenons quelques chiffres. Les Jeux Olympiques d'Athènes en 2004. Budget annoncé, c'était de 4,5 milliards d'euros. Comme coût final, plus de 13 milliards d'euros. Certains économistes estiment même que les Jeux Olympiques ont contribué à la crise de la dette grecque. La Coupe du Monde au Brésil en 2014, 15 milliards de dollars qui sont investis, des stades construits et laissés à l'abondance comme celui de Manus au corps de l'Amazonie. Les Jeux Olympiques de Tokyo, je pense c'était en 2021, le budget initial c'était sur papier de 7 milliards de dollars. Le coût réel estimé, c'est fois 4, C'est plus de 28 milliards en pleine pandémie, sans public. Et que dire à Qatar ? En 2022, plus de 220 milliards de dollars investis, un record absolu, infrastructures, des hôtels, stades bien climatisés, en plein Sahara, bien climatisés, pour un mois de compétition. Et au-delà du chiffre, la question c'est quoi? Qui paye? Très souvent ce sont les contribuables et ce, pour des bénéfices économiques qui restent. Je peux dire... [00:03:01] Très discutable. À chaque candidature, le discours est le même. Cela va créer des emplois, simuler le tourisme, revitaliser les quartiers défavorisés. Mais les études indépendantes sont beaucoup moins optimistes. Selon la méta-analyse de l'Université d'Oxford, que je viens récemment de voir, Aucun des grands événements sportifs organisés depuis 1960 n'a respecté son budget initial. Et selon plusieurs chercheurs, soi-disant économistes, les bénéfices directs sont très limités. Je peux dire que les touristes des Jeux Olympiques remplacent souvent ceux qui seraient venus autrement. Les emplois créés sont souvent temporaires et précaires. Les emplois sont d'ailleurs informels. Ils ne vendent que des sandwiches, peut-être des hot dogs, peut-être des limonades, des sodas. Les infrastructures comme les routes aéroports sont parfois surdimensionnées, voire inutiles après l'événement. Je donne un exemple. [00:04:10] Le Stade Olympique de Montréal, construit pour les Jeux Olympiques en 1976, a mis 30 ans à être remboursé. Il a même été surnommé le Big O, le Grand U. [00:04:26] Quand même, Montréal avait quand même une vision très stratégique. C'est pour cela qu'il n'a pas accepté d'organiser la Coupe du Monde. Au-delà de ces finances, il y a quand même un impact humain et urbain. À Rio, plus de 76 000 personnes ont été déplacées pour faire plus aux infrastructures olympiques. En Afrique du Sud, lors de la Coupe du Monde de 2010, Des quartiers informels ont été rasés sous relogement digne. Au Qatar, des milliers de travailleurs migrants ont souffert de conditions extrêmes sur les chantiers, parfois sans salaire, sans droit, sans recours, et on sait de quoi il s'agit là-bas. À Pékin ou à Scouchi, les Jeux Olympiques ont servi à renforcer ce qu'on appelle la surveillance, expulser les plus pauvres, renforcer le contrôle politique et après quoi ? Des villages olympiques vides ? Des lignes de métro sans passagers ? De stades fantômes ? La question mérite d'être posée, si les coûts sont énormes et les bénéfices discutables, pourquoi autant de pays veulent encore accueillir ces événements ? [00:05:48] Je pense parce que c'est une question de prestige, de luxe. Oui, on est là. On a déjà organisé une Coupe du monde, du soft power, de vitrines internationales parce que certaines élites y voient une opportunité de contrat, de notoriété, de construction d'un récit national. Oui, on l'a fait. On a organisé la Coupe du monde en 2030. Oui, un pays d'Afrique a organisé ça. Mais de plus en plus de pays renoncent. En 2023, l'Allemagne a retiré sa candidature pour les Jeux d'hiver de 2030. Boston, Calgary, Oslo, Hamburg, autant des villes qui ont dit non. Après quand même réformes d'un local défavorable, et même la Comité internationale olympique, la CIO, a dû revoir ses critères en incluant la nation, la notion de durabilité et de réutilisation des infrastructures existantes. [00:06:56] Il est peut-être temps quand même de repenser la logique de méga événements. Pourquoi ne pas organiser les Jeux Olympiques dans un même pays à chaque édition comme la Grèce, parce que la Grèce étant comme un pays historique dans cela. Pourquoi ne pas mutualiser les installations entre plusieurs villes aux pays voisins, pourquoi ne pas plafonner les budgets avec une transparence, avec une transparence obligatoire. Et il y a des contre-exemples positifs. [00:07:33] Barcelone en Espagne en 1992 a réussi sa transition urbaine avec un impact durable. Les Jeux Olympiques de Los Angeles en 1984 ont été rentables parce qu'ils ont réutilisé des infrastructures existantes sans tout reconstruire et le Canada En vue de la Coupe du Monde, prévoit de réutiliser les stades existants comme celui de Toronto, Montréal ou Vancouver, mais cela demande de sortir du rêve pour regarder les chiffres en face. Chapeau bois pour le Canada. [00:08:11] Et si je peux me permettre, j'aimerais conclure cette chronique avec une note plus personnelle. Parce qu'en tant qu'économiste, mais surtout en tant que citoyen, en tant qu'humain, je ne peux pas m'empêcher de me demander à quoi bon À quoi bon investir des milliards dans des stades temporaires, dans des dînes de métro que personne n'emprunte, dans des hôtels de luxe qui ferment une fois la fête terminée ? À quoi bon déplacer des familles bétonnées des quartiers, précarisées des travailleurs, tout ça pour un mois de prestige et de feux d'artifice ? [00:08:59] C'est du marketing. Soyons clairs, le sport est magnifique. Il est magique. Il rassemble, il fait rêver. Mais l'organisation de ces méga événements est devenue un business opaque, un théâtre d'intérêts politiques et privés où les peuples payent la facture. Ce sont les citoyens, nous les ménages, qui vont payer la facture et trop souvent sans dette pour longtemps. [00:09:30] surtout pour les pays en développement, qui croient comme étant faire des jeux olympiques, faire des Coupes du monde, ça va sauver. Je crois profondément que ces compétitions doivent être repensées, qu'on peut aimer le sport sans accepter l'endettement public, la destruction sociale et la logique du toujours plus grand, toujours plus cher. Et si un jour, on avait le courage collectif de dire non à cette logique spectaculaire peut-être qu'on remettrait enfin l'économie au service de la vie et non l'inverse. Alors voilà derrière les médailles, les drapeaux, il y a une réalité économique bien moins glorieuse. Les Jeux Olympiques et la Coupe du monde peuvent unir le peuple mais aussi appauvrir le pays. Le sport, bien évidemment, il mérite d'être célébré, mais pas au prix de la dette, des inégalités ou des destructions sociales. Et si on osait penser des événements sportifs à la taille humaine, un impact local positif a ambition collectif plutôt que géopolitique. Alors voilà, c'est déjà la fin d'émission. [00:10:51] de l'économie au mouvement, j'espère que ces réflexions auront quand même un peu éveillé votre curiosité ou peut-être même bousculé quelques certitudes. Merci d'avoir été à l'écoute, merci pour votre attention et surtout merci de faire vivre cette réflexion économique au-delà de ces chiffres. [00:11:19] Ici Otmar Lamzyri, prenez soin de vous et du monde autour de vous. Bonne soirée à vous et à la semaine prochaine, même heure, même endroit sur Les Andes de CFA 88.3. [00:11:46] Musique jazz.

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