Episode Transcript
[00:00:00] Speaker A: Le balado que tu t'apprêtes à écouter, tu peux pas l'entendre ailleurs. C'est une exclusivité.
[00:00:05] Speaker B: L'économie.
[00:00:11] Speaker C: N'Attend pas. Elle bouge, elle évolue, elle vous surprend.
Rejoignez votre hôte, Othmane Lamzéry, alors qu'il explore et expose toutes les facettes du monde des finances.
Bienvenue dans l'économie en mouvement.
[00:00:26] Speaker B: Bonsoir, bonsoir à toutes et à tous et bienvenue dans l'économie en mouvement.
Aujourd'hui, j'ai voulu consacrer toute l'émission à une seule grande thématique. En fait, j'aimerais parler du capital humain. J'aimerais parler de la main d'œuvre.
Un sujet que je le vois vraiment essentiel, un sujet sensible, et surtout un sujet qui touche directement notre quotidien. La santé, les loyers, l'emploi, le coût de la vie, les services publics, etc.
On vit une période un peu particulière. D'un côté, en fait, ici au Canada, il manque cruellement de travailleurs dans presque tous les secteurs.
Et de l'autre, on voit des manifestations, des débats, des inquiétudes autour de l'immigration.
Alors que paradoxalement, ce sont justement ces mêmes émigrants qui permettent de l'économie de fonctionner.
Aujourd'hui, j'ai voulu prendre le temps de décortiquer quatre chroniques complètes pour remettre les choses en place.
Alors, on va parler du capital humain, de l'histoire du Canada, du marché du travail et finalement du malaise social actuel.
Parce que pour comprendre ce qui se passe aujourd'hui, il faut comprendre comment on est arrivé là. Et surtout, il faut distinguer ce qui relève de l'économie de ce qui relève de la perception.
Alors, la main d'œuvre au Canada entre nécessité économique et tension sociale.
Alors déjà, c'est quoi le capital humain ? Qu'est-ce que le capital humain ? Le capital humain, c'est un concept simple, mais souvent oublié.
C'est tout ce que les êtres humains apportent à l'économie.
Leurs compétences, leur santé, leur expérience, leur créativité, leur capacité d'innover, d'apprendre, de travailler ensemble.
C'est ce qui fait qu'une économie avance, ou qu'elle stagne en fait.
Par exemple, l'économiste Becker, prix Nobel, disait quelque chose de très puissant.
Investir dans les gens, c'est plus rentable que d'investir dans les machines.
Même s'il y avait des contradictions avec Robert Solow, mais les chiffres ont fait confirmer. Selon la Banque mondiale, le capital humain représente jusqu'à 70% de la richesse totale des pays développés, alors que les ressources naturelles, en moyenne, moins de 5%.
On comprend donc rapidement que, oui, les pays riches ne sont pas riches parce qu'ils ont du pétrole ou bien parce qu'ils ont de la monnaie.
Ils sont riches parce qu'ils ont des gens bien formés, en santé, motivés, créatifs.
Alors, le capital humain se construit de trois manières.
Il se construit de l'expérience et des compétences, la santé et l'éducation. Parlons de l'éducation.
L'éducation, c'est l'école, le cégep, par exemple, l'université, mais aussi la formation continue, les stages, l'apprentissage sur le terrain.
Un pays qui forme mal sa population et un pays qui se condamne lui-même à la stagnation.
Et puis, en ce qui concerne la santé, je peux dire un travailleur malade, un travailleur épuisé, stressé ou soit alimenté, n'a pas la productivité d'un travailleur en bonne santé.
Et pour l'expérience et les compétences, c'est ce que tu apprends dans tes premières années de travail.
Tu les traînes pendant 30 ou 40 ans.
C'est ici que l'immigration joue un rôle énorme. Pour moi, le Canada peut importer directement des compétences sans devoir payer 20 ans de formation.
Je donne l'exemple classique.
Former une infirmière, ça prend environ quatre ans minimum, plus l'expérience.
Importer une infirmière formée à l'étranger, c'est vraiment immédiat.
Bien sûr, il y aura des chocs culturels pour cette personne, mais vraiment, c'est quelque chose d'immédiat. Alors, pourquoi vraiment le capital humain et la richesse d'une nation?
Il y a quatre raisons principales.
En faisant la recherche en tant qu'économiste, je vois que premièrement, il y a la productivité.
C'est simple.
Plus les travailleurs sont qualifiés, plus ils produisent de valeur. Le Canada a un défi majeur ici.
Depuis des années, en fait, les années 2000, sa productivité stagne. Elle est en stagnation.
Et en fait, depuis 2016, elle est même en baisse.
Ce n'est pas un détail, mais la productivité détermine notre niveau de vie futur.
Et pour l'innovation, qui est le deuxième facteur, les innovations sont les idées, les technologies, la productivité totale des facteurs.
Tout vient de gens.
Pas de personnes, ça veut dire pas d'innovation.
Le troisième point, qui est le financement du système social, si on veut payer la santé publique, les écoles, si on veut payer les routes, Qui va payer les retraites? Il faut des travailleurs, parce que ce sont les travailleurs qui financent l'État.
Et alors, je disais les quatre raisons principales. Alors, la dernière raison, c'est la croissance démographique.
Un pays qui ne se renouvelle pas, il veillit.
Et un pays qui veillit, bien évidemment, il fait quoi ? Il ralentit.
Il sera en décroissance.
Alors, parlons de la démographie.
J'aimerais illustrer des chiffres qui sont très simples. Alors, le Canada a un des taux de natalité les plus bas dans son histoire. 1,4 enfants par femme.
Le veillissement est très rapide.
D'ici 2035, une personne sur quatre aura plus de 65 ans.
Sans l'immigration, la population active du Canada baissera chaque année.
Et là, Il faut dire quelque chose de très clair.
Un pays qui perd des travailleurs est un pays qui perd de la croissance. C'est vraiment quelque chose de mathématique, c'est une équation.
Ce n'est même pas une opinion.
Alors pourquoi le Canada a besoin d'importer du capital humain ? Et si on arrive au cœur du sujet, pour maintenir sa croissance et financer ses services publics, le Canada doit absolument attirer des travailleurs qualifiés, importer des compétences, renouveler son capital humain. Parce que la machine économique a besoin de bras. Et encore plus, elle a besoin de tête.
Comme nous.
Le Canada n'est pas le seul. Les États-Unis, qui viennent de fermer ses frontières, la France, l'Allemagne, le Japon, tous les pays développés vivent la même chose.
La différence, c'est que le Canada a choisi une stratégie très claire depuis 50 ans.
Faire de l'immigration le moteur principal de la population active.
Et sans l'immigration, impossible de maintenir l'économie actuelle, impossible de financer le système de santé, impossible de garder les entreprises ouvertes.
Alors, si je veux vraiment faire le lien entre le capital humain et l'immigration, que je vais essayer de décortiquer dans les prochaines chroniques, c'est ici que Tout se rejoint quand le Canada accueille un ingénieur, un médecin, un économiste comme moi, un docteur, une infirmière, un charpentier, un chauffeur de camion, un cuisinier. Il ne reçoit pas seulement une personne.
Il reçoit des années de formation.
Il reçoit de l'expérience prête à être concrétisée dans le terrain. Des compétences, une productivité déjà prête.
C'est comme importer une machine déjà montée, Au lieu de la construire soi-même pendant 25 ans, alors la Banque du Canada par exemple l'a dit en 2023, l'immigration est désormais la source principale de la croissance économique du pays.
Le gouvernement fédéral l'a confirmé bien évidemment. Il a dit entre 2016 et 2022, 9 emplois sur 10 créés au Canada ont été comblés par des immigrants.
Ce n'est pas un détail, c'est une transformation réelle, profonde du marché du travail.
Mais existe-t-il vraiment un risque si le capital humain affaiblit?
Et si la population active diminue?
Voici ce qui arrive.
Moins de travailleurs, ça veut dire moins de production.
Moins de production, ça veut dire moins de croissance.
Et moins de croissance, moins de revenus pour financer la santé, pour financer les écoles, pour financer les infrastructures.
Et voilà, moins de services qui sont santé, écoles, etc. sans les services, ça veut dire plus de tensions sociales.
Et on y est déjà.
Le Canada est dans une situation de pénurie structurelle.
pas conjoncturelles. Alors, chaque année, il manque 80 000 travailleurs en santé, 50 000 en construction, 30 000 dans la restauration, 20 000 dans les transports et la liste continue, la liste est longue.
Alors voilà, le capital humain, c'est la colonne vertébrale de n'importe quelle économie.
Si la vraie richesse d'un pays Et dans le cas du Canada, du Québec, du Canada, cette richesse repose de plus en plus sur l'immigration.
C'est pour ça que dans les chroniques suivantes, j'aimerais regarder ou bien j'aimerais faire le highlight sur comment le Canada s'est construit sur l'immigration.
Pourquoi les immigrants sont essentiels au marché du travail, mais aussi, j'aimerais parler de pourquoi Il y a aujourd'hui des tensions, des malaises de manifestation.
Parce que souvent, les gens s'attaquent à l'immigration.
Alors que le vrai problème, c'est quoi ? C'est la planification.
Alors, merci d'être avec moi pour cette première chronique. On se retrouve dans la deuxième pour comprendre un peu l'histoire du Canada et de l'immigration. Un lien plus ou moins plus profond qu'on le croit.
Alors c'était ça notre première chronique que je pense que j'aimerais bien donner un nom, un peu la vraie richesse d'un pays ou bien c'est quoi le capital humain, ou bien je vais essayer de mixer entre ces deux.
Alors c'était ça notre première chronique, on se retrouve dans la deuxième après la pause et bien évidemment une courte musique sur les ans de 1780 ou 1883.